Le Mouvement de la réforme nationale (MRN-Islah) est manifestement sur le point de subir un redressement politique en bonne et due forme, façon FLN en 2004. Abdallah Djaballah, son chef charismatique, qui a eu déjà à subir un coup d'Etat en 1999 à la veille de la présidentielle pour avoir refusé que son ex-parti Ennahda soutienne le candidat du « consensus » Bouteflika, dénonce cette nouvelle tentative de le déposséder de « son » MRN. La décision de la chambre administrative de la cour d'Alger, gelant ses activités en tant que président et les avoirs de son parti, est tombée comme un couperet sur la tête d'un homme qui croyait en avoir fini avec la justice. « C'est une décision politique sous un habillage juridique qui traduit une volonté de faire taire la voix opposante de notre mouvement », s'insurge le bureau national de ce parti dans un communiqué rendu public. Nullement convaincu par ce verdict « dénué de soubassement juridique et contraire à la loi, notamment le code pénal et celui des partis ». Djaballah et ses ouailles ont décidé d'introduire un recours auprès du Conseil d'Etat « dans les prochains jours », en attendant que la chambre administrative notifie la décision. Contacté hier, Lakhdar Benkhellaf, responsable de l'organique du MRN, rappelle que le ministère de l'Intérieur s'était déjà déclaré « à juste titre » non concerné par cette affaire, en ce sens qu'elle est interne au parti et qu'il appartenait à ses dirigeants d'appliquer les dispositions du statut conformément aux articles 17-22-36 et 37 de la loi sur les partis politiques. Pour lui ce conflit « n'a donc rien avoir avec la chambre administrative qui, elle, est spécialisée dans les conflits où l'Etat est partie prenante ». Aussi, au MRN on s'indigne du fait que les 11 dissidents aient pu obtenir maintenant gain de cause auprès de la justice alors même que certains d'entre eux (ils sont quatre), dont « Boulahyia a été contraint par la même justice à restituer le cachet en sa possession ». Djaballah et ses collaborateurs ne se font pas d'illusion quant au caractère « politique » lié au refus du MRN de cautionner « les orientations et les projets futurs ». Lakhdar Benkhellaf n'hésite pas à citer le débat ambiant sur le projet de révision constitutionnelle, qui n'a pas spécialement l'onction de Djaballah, notamment dans le volet se rapportant à la prolongation du mandat présidentiel. Sur ce point précis, le bureau national du MRN semble déterminé à livrer bataille en promettant à ses militants de rester « fidèle à la ligne politique et au projet du mouvement et à sa tête cheikh Djaballah ».