La panique a été fatale à quatre personnes lors du séisme qui a frappé Alger vendredi dernier. Des cas de défenestration qui témoignent d'un regrettable déficit en matière d'éducation aux risques naturels. Que la terre tremble sous nos pieds et c'est la peur certaine de voir tout s'effondrer sur nos têtes. A tel point que la panique prend le dessus sur la prudence. On court, on saute et on réduit toute chance de survie. Si le séisme ne tue pas toujours, la panique peut l'y aider. Ces gestes d'affolement ont ainsi été fatals à quatre personnes lors du séisme qui a frappé Alger vendredi dernier. Des cas de défenestration qui inquiètent. Les réactions de panique qui ont amené les sujets à se jeter par la fenêtre ou du balcon témoignent sans doute d'une réelle fragilité psychologique», explique le Dr Boudarène, psychiatre. Mais pas seulement, ils renseignent surtout sur le degré d'inconscience de la population face aux risques naturels. «L'ignorance amplifie la frayeur et dans le cas des phénomènes naturels comme les séismes, elle multiplie les comportements inadaptés et souvent dangereux», ajoute-t-il. Un constat que beaucoup de spécialistes partagent. «Expliquer aux jeunes et aux moins jeunes ce qu'est un séisme, les risques qu'il implique et le comportement à avoir lorsqu'il survient est très précieux», précise pour sa part le Dr Mourad Bezzeghoud, géophysicien, expert en sismologie. Au-delà de l'application des normes parasismiques dans la construction, l'Algérie a besoin d'un travail d'éducation et de sensibilisation. Se protéger la tête des chutes d'objets, couper dès que possible le gaz et les autres sources de chaleur, ne pas se précipiter dehors et ainsi prendre le risque de se blesser avec des objets tombés par terre, rester à l'abri des briques, des vitres et des lignes électriques… Autant de réflexes auxquels la population n'est pas préparée mais qu'il faut avoir au moment le plus improbable, pourtant. Le Japon, un modèle à suivre ? Nombre de pays ont développé des politiques d'apprentissage des conduites à tenir, d'éducation aux risques naturels dans les programmes scolaires. Elles permettent d'éveiller les consciences et d'inciter à la prudence. Parmi ces pays le Japon, qui subit 20% des séismes les plus violents enregistrés dans le monde, a adopté ces dernières décennies des plans d'exercices de prévention dont l'Algérie pourrait s'inspirer. Dès leur jeune âge, les Japonais sont entraînés aux bons réflexes à travers des programmes scolaires visant à les préparer aux catastrophes naturelles. En 2009, le gouvernement est allé jusqu'à organiser un exercice de prévention, à la date anniversaire du grand tremblement de terre de 1923, rassemblant près de 800 000 personnes. En Algérie, rien n'est fait pour sensibiliser et préparer les enfants à de tels risques. Pourtant, la loi n°04-20 du 25 décembre 2004 relative à la prévention des risques majeurs et à la gestion des catastrophes, adoptée une année après le séisme dévastateur de Boumerdès, le prévoit. «Nous avons demandé d'introduire des modules d'instruction civique détaillés pour éduquer les enfants aux risques naturels en 2004», confie le Dr Abdelkrim Chelghoum, expert sismologue exerçant au Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géologie (Craag). Force est de constater que, dix ans plus tard, il n'en est rien. «J'ai moi-même présenté au Sénat en 2006 un scénario catastrophe pour initier des simulations grandeur nature tous les deux ans et préparer les populations à s'organiser et à faire face aux catastrophes naturelles», ajoute le spécialiste. Jusqu'à quand ?