A près quelques incertitudes sur la position israélienne vis-à-vis d'une récente proposition de trêve faite par le médiateur égyptien, un nouveau cessez-le-feu de 72 heures, accepté par les Palestiniens et les Israéliens, est entré en vigueur, hier à 00h01 locale. Les bombardements israéliens, effectués principalement par des avions de chasse de type F16, se sont poursuivis sur la bande de Ghaza jusqu'à la dernière minute, ciblant différentes régions de l'enclave palestinienne. Ils ont été de nouveau dirigés contre des habitations de civils, des terres agricoles ainsi que certains terrains vagues soupçonnés par l'armée israélienne d'abriter des rampes de lancement de roquettes. Les attaques israéliennes de dimanche ont fait au moins 10 morts et plusieurs dizaines de blessés, dont des femmes et des enfants. Mais depuis le début de cette nouvelle trêve, aucun acte armé n'a été signalé ni sur le territoire palestinien ni en Israël, à part la présence dans le ciel de Ghaza de drones militaires israéliens. Ces appareils, dont les missions vont de la surveillance continue aux opérations d'assassinat ciblées, en passant par des bombardements de rassemblements humains ou de sites ne nécessitant pas de grosses charges explosives, sont la bête noire des Palestiniens de la bande de Ghaza. Dès le petit matin, les rues désertes des villes et des localités, du nord au sud de l'enclave palestinienne, ont été envahies par des milliers de citoyens en voiture, sur des charrettes tirées par des ânes, à motocyclette ou même à pied. Les magasins ont ouvert de bonne heure. Malgré la tristesse générale actuellement à cause des importantes pertes humaines et matérielles, la vie reprend le dessus. Des familles entières s'empressent de se rendre dans leurs quartiers ou localités particulièrement endommagés au cours de l'agression israélienne. Les uns savent qu'ils n'ont plus de maison après les bombardements, mais s'y rendent à chaque fois qu'ils en ont l'occasion ; d'autres ont des maisons fortement endommagées et veulent voir si elles n'ont pas subi d'autres dégâts depuis leur dernière visite ; d'autres encore tentent de récupérer quelque chose dans les décombres pouvant leur servir à affronter la dureté de la vie dans laquelle ils ont été plongés. Sans maison, sans revenus pour une grande majorité, sans aide humanitaire adéquate, des milliers de familles palestiniennes craignent aujourd'hui pour leur avenir proche. Tous les Ghazaouis souhaitent la fin du cauchemar qu'ils vivent depuis cinq semaines. Aucun citoyen, adulte ou enfant, femme ou homme, ne peut prétendre sortir de cette agression sans avoir subi de traumatisme ; il a perdu soit un parent, soit un voisin, soit un ami et même dans les rares cas où personne de l'entourage proche n'a été blessé ou tué, il ne peut nier avoir eu peur à un moment ou un autre. Quel père peut nier avoir lu et senti la terreur dans les yeux de ses enfants sans être capable de les réconforter, à défaut de les protéger. Tous les Ghazaouis souffrent aujourd'hui de séquelles physiques, psychiques ou des deux à la fois. La trêve de la dernière chance C'est la délégation palestinienne unifiée – composée de dirigeants de l'OLP, du Hamas et du Djihad islamique – qui menace de quitter les négociations si aucun accord n'est conclu durant les 72 heures de cette présente trêve. La délégation israélienne, qui a refusé de négocier sous le feu des combattants palestiniens, a été mise devant ses responsabilités. La partie israélienne doit choisir entre la levée du blocus – une revendication purement humanitaire – et la poursuite des combats. Comme l'Etat hébreu ne peut supporter une guerre d'usure pendant longtemps, il sera, au cas où il préfère la confrontation, devant une décision difficile : lancer ses troupes terrestres à l'intérieur de la bande de Ghaza. Une telle option sera très lourde de conséquences, car pour pouvoir réoccuper l'enclave palestinienne, il lui faut payer le prix fort. Durant ses offensives terrestres limitées aux zones proches de la frontière, Israël a perdu, selon des sources, 64 soldats et officiers et des centaines d'autres ont été blessés. Les dirigeants israéliens savent qu'une aventure de leur armée terrestre dans les zones urbaines lui coûtera des milliers de morts et de blessés sans aucune garantie de réussite. Du côté des civils palestiniens, les pertes se compteront en dizaines de milliers, ce que la communauté internationale, même complice, ne peut laisser faire. Ce qui menace le plus les négociations indirectes du Caire est que chaque partie veut se présenter devant son opinion publique comme victorieuse de cette sanglante et destructrice confrontation. Israël tente d'obtenir par les négociations le désarmement des factions palestiniennes, ce qu'il n'a pas réussi à faire par la force des armes, alors que la partie palestinienne ne peut retourner à sa population sans un acquis à la hauteur de ses grands sacrifices. Le minimum acceptable par le peuple palestinien de Ghaza est une levée totale du blocus et une liberté de déplacement des personnes et des biens. Sans cela, tous les citoyens, même les plus touchés par la férocité de la guerre, sont pour une poursuite des combats. La balle est désormais dans le camp de l'occupant israélien.