Des plages de l'Algérois ont été fermées pour travaux. D'autres ont, toutefois, été autorisées à la baignade au mépris de la réglementation et du bon sens. L'entreprise de travaux publics, le groupement d'entreprises Meditram-Sotramest (GMSRH) a engagé des travaux de confortement et d'aménagement au port de Raïs Hamidou, dont une partie est ouverte à la baignade. Des camions de gros tonnage arrivent par la route de la ville et traversent une partie de la plage Franco, dont le sable a pratiquement disparu. Des familles, principalement des habitants de la commune, habituées de cette côte, sont obligées de «camper» à quelques mètres de la route abîmée par le passage des engins et où sont entreposés les filets des pêcheurs installés dans des locaux. L'eau de ce bout de plage est glauque et les accidents peuvent survenir à tout moment. Les enfants barbotent dans cette eau putride mélangée à l'essence des moteurs des embarcations qui encombrent le site. «La mesure de laisser ouverte cette plage est inexplicable. C'est une mesure populiste pour gonfler les chiffres et ne pas taquiner les habitants de la Pointe Pescade. L'ouverture de la plage aux engins a permis l'accès aux véhicules des particuliers, pourtant une plaque bien visible à l'entrée l'interdit. Le risque d'accident est important. Mais qui s'en soucie ? Ce n'est certainement pas l'APC de Raïs Hamidou dont le premier responsable a autorisé les pêcheurs à louer des parasols alors que la réglementation interdit les concessions. Les plages Sport nautique et La Rascasse ont été fermées complètement pour travaux, le bon sens aurait voulu que Franco connaisse cette même décision. Toute cette côte ne devrait pas être ouverte à la baignade en raison des travaux, mais aussi des rejets de la cimenterie dont les filtres sont défaillants. L'administration de la wilaya, à sa tête M. Zoukh, doit assumer ses responsabilités», tonne un quinquagénaire, rencontré à l'entrée du site, dont les locaux, anciennement des débits de boissons, ont été fermés lors de la «campagne d'assainissement» menée par le prédécesseur de l'actuel occupant de la rue Zighout Youcef, Addou Mohamed Kebir. L'APPL, dont les ingénieurs ont accompagné dernièrement la délégation de la commission du tourisme de la wilaya, relève que la situation est prise en main : des recrues de l'agence nettoient la plage dont l'eau ne contiendrait pas de bactéries pathogènes qui nécessiteraient sa fermeture. Empiètement Le président de la commission du tourisme est moins optimiste. «J'ai appelé le lendemain de ma visite le directeur du tourisme pour lui dire que sa responsabilité est engagée quant à d'éventuels accidents. A défaut de fermer la plage, les autorités auraient pu installer des balises pour éviter des accidents dus aux va-et-vient des engins de Meditram», signale Madjid Lamdani. A la plage Sirène I, dans la commune de Bordj El Kiffan, c'est le même branle-bas de combat. Des engins de la société égyptienne Arab Contractors s'affairent à «embellir et à aménager» cette côte de l'est d'Alger. Aucune balise ne sépare les familles des engins qui déchargent du sable. Des élus de l'APW s'étonnent que des travaux n'aient pas été menés durant le Ramadhan. «L'entreprise avait tout le mois de Ramadhan pour avancer dans ses travaux. Les opérations pouvaient bien être menées également la nuit», estime Madjid Lamdani. Les travaux (installation d'une promenade, d'accès aux piétons et d'un terre-plein) se heurtent à plusieurs écueils : présence de constructions illicites et d'une villa d'un particulier qui empiète sur le domaine maritime. La société réalisatrice fait face également aux rejets des collecteurs qui nécessitent, fait-on remarquer à la wilaya, l'installation de stations de relevage, le chantier étant situé en dessous des bâtisses. Le département des travaux publics aurait pu faire le «pressing» pour lever les réserves, fermer éventuellement la plage et l'ouvrir une fois les travaux achevés pour éviter tout accident.