Pour changer le regard de la société sur les autres religions, le ministre des Affaires religieuses veut changer la législation régissant les mosquées. «Nous avons demandé au gouvernement de revoir le décret relatif à l'organisation de l'activité de la mosquée et lui permettre de transmettre son message religieux et socioculturel», a indiqué M. Aïssa dans un entretien accordé à l'APS. «Après concrétisation de ces démarches sur le terrain, tous les mouvements qui veulent activer en Algérie comprendront que le discours religieux est celui de l'Etat, qui reflète la position de tous les Algériens», a ajouté M. Aïssa, qui rappelle que la loi régissant la pratique des cultes non musulmans en Algérie garantit «le droit de la pratique des rites religieux». Cette loi «permet aux non-musulmans de pratiquer leur religion dans les lieux de culte autorisés et ne permet pas sa pratique en dehors de ce cadre», ajoute le ministre des Affaires religieuses. Cette loi, adoptée en 2006, avait suscité la polémique. Elle est dénoncée notamment par les pratiquants non musulmans qui ont vu leurs églises fermées par les autorités locales. Mais l'actuel ministre estime que, au contraire, cette loi vise à protéger les non-musulmans. Plus que cela, le ministre veut responsabiliser les mosquées sur «les dangers de création de minorités non musulmanes». Il a tenu tout de même à préciser que le problème «ne réside pas dans la religion elle-même mais plutôt dans le prolongement pouvant atteindre des institutions d'influence étrangères qui peuvent interférer pour créer des minorités en Algérie». Mohamed Aïssa n'est pas intéressé par l'idée du mufti de la République ; il veut plutôt opter pour une instance nationale qui s'occupe des fatwas, qui «ne doit pas être limitée à une personnalité indépendante qui émet des fatwas et impose son avis religieux aux Algériens». Le ministre a précisé que des «modifications» seront soumises à la présidence de la République concernant cette proposition pour créer «une académie qui regroupera des représentants des conseils scientifiques de wilaya et sera élargie aux experts et spécialistes dans différents domaines dont des astronomes, des psychologues et des sociologues». L'académie aurait pour mission d'«examiner ces questions afin de dégager un avis religieux unifié qui sera annoncé par le président de l'académie ou le mufti de la République», a ajouté le ministre. Sur un autre sujet, M. Aïssa admet que les crédits de la zakat, appelés «crédits bonifiés», n'a pas atteint son objectif. «Suite à la recommandation du Conseil national scientifique selon laquelle le crédit bonifié n'a pas atteint son objectif du fait de son faible taux de rentabilisation qui ne dépasse pas les 10%, il est nécessaire de convoquer l'instance nationale de la zakat, composée des commissions de wilaya du fonds de la zakat, afin d'engager une réflexion visant à trouver une nouvelle formule pour investir les fonds du crédit bonifié», a-t-il avoué.