La mise en application de la circulaire du Premier ministre — sommant les ministères et administrations de mettre à la retraite les fonctionnaires, dont l'âge dépasse 60 ans, la deuxième depuis 2013 — n'est appliquée que partiellement ou tout simplement contournée. L e cafouillage se poursuit au sommet de l'Etat. Alors que le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a émis sa seconde circulaire sommant les ministères et administrations de mettre à la retraite les fonctionnaires dont l'âge dépasse 60 ans, les ministères n'appliquent cette directive qu'en partie. Le journal arabophone El Khabar rapporte dans son édition d'hier que certains départements ministériels contournent même cette circulaire. C'est la deuxième année consécutive que le Premier ministre, soucieux de «rajeunir les administrations» demande aux ministères d'envoyer à la retraite les cadres et responsables ayant atteint l'âge légal de 60 ans. En vain. Alors que la circulaire de Sellal avait fait les choux gras de la presse nationale l'année dernière, sa mise en application s'est avérée être une chimère. Puisque en plus des innombrables dérogations qui ont été accordées à certains secteurs, qui se voient menacés de se retrouver du jour au lendemain sans encadrement, les responsables de l'administration abusent en maintenant certains de leurs «amis» à leur poste. Les secteurs les plus touchés par les départs à la retraite ont été ceux de la santé et de l'enseignement supérieur. Ce sont d'ailleurs les seuls départements qui ont connu des protestations, à cause notamment du rôle important que jouent certains professeurs dans la transmission du savoir aux générations futures. Pour éviter de tels dérapages, Abdelamalek Sellal a assoupli sa note. Le journal El Khabar, qui dit avoir consulté le texte, précise que la nouvelle circulaire de Sellal donne aux gestionnaires la possibilité de garder 40% des personnels dont l'âge dépasse 60 ans. C'est une brèche ouverte à tous les dépassements frayant ainsi la voie aux nouveaux «retraitables» de faire fonctionner leurs connaissances en vue de se maintenir et de différer la date de leur départ à la retraite. Pire, certains cadres cumulent leur retraite et le salaire du poste qu'ils gardent, pendant que de jeunes cadres attendent une promotion. Ce nouvel épisode montre que l'autorité de Abdelmalek Sellal est de nouveau mise à rude épreuve. En l'absence d'un chef de l'Etat, de plus en plus éloigné des affaires publiques à cause de la maladie, les membres du gouvernement et les démembrements de l'Etat semblent évoluer sans réelle autorité politique.