Dans un environnement devenu concurrentiel même si quelques distorsions de concurrence subsistent, on assiste depuis quelques années à un développement organisé et productif du crédit bancaire en direction des particuliers qui ne s'attendaient pas à cette aubaine pour s'endetter afin de pouvoir satisfaire les besoins essentiels que sont devenus l'acquisition d'un logement ou d'un véhicule, voire les deux à la fois. Les banques innovent et rivalisent de savoir-faire pour mieux répondre aux attentes d'une clientèle avide de consommer. La gamme des crédits s'est élargie aux équipements ménagers, à la scolarité, aux événements de la vie, etc. Cette vitalité des banques pour doper la consommation, les conduit à remplir la fonction de promoteurs industriels en intervenant en aval, le risque de crédit dans cette situation est moins contraignant en termes de coût en fonds propres et il est plus gérable en termes de couverture parce que le défaut de perte n'est pas significatif. Cette ingéniosité déployée par les banques pour accroître l'offre de crédit n'a malheureusement pas été étendue aux produits de placement. Et là, on enregistre moins de choix pour permettre aux agents économiques qui disposent d'excédents de pouvoir fructifier les surplus dégagés dans des placements à rendement élevé. Force alors est de constater que la clientèle ne s'est toujours pas détournée du produit phare qu'est le bon de caisse qui continue malgré les avancées spectaculaires de la modernisation bancaire à alimenter le passif des banques en termes de ressources. En fait, les deux produits offerts au public depuis des lustres sont, en dehors du livret d'épargne, les dépôts à terme et les bons de caisse. C'est dire qu'en l'absence d'autres opportunités pour faire travailler son argent, les deux produits classiques ont encore de beaux jours devant eux et la tendance n'est pas près d'être inversée dans l'immédiat. Les produits de substitution ne sont pas encore façonnés dans les laboratoires des banques. Le développement d'autres produits de placement par les banques n'est pas alléchant en raison des perspectives en matière de taux qui resteront très certainement pour une longue période au niveau actuel, c'est-à-dire très bas. Les excédents de liquidités du système bancaire qui ont été évalués par le ministère des Finances à plus de 15 milliards de dollars ne prédisposent pas les banques pour l'instant à développer des stratégies marketing pour capter des ressources additionnelles. La gestion collective des placements avec les Opcm (organisme de placement collectif en valeurs mobilières) n'a pas prospéré à ce jour en raison de l'inefficience du marché financier qui semble privilégier à chaque émission obligataire les investisseurs institutionnels. Il est connu que lorsque les placements à court terme génèrent des rendements bas, les investisseurs préfèrent s'orienter vers les actions ou les obligations en raison de l'attractivité de taux sur une longue période. Cependant, le risque de moins value n'est pas exclu en cas de remontée des taux et donc de variation du cours. Dans le contexte actuel, il ne semble pas opportun pour les banques de développer des produits de placement magiques à court terme comme les Sicav (société d'investissement à capital variable) monétaires par exemple qui ont connu ailleurs un immense succès en raison d'une rémunération élevée, d'une fiscalité avantageuse et d'une meilleure liquidité. Mais pour arriver à booster de telles formules de placement, il faut multiplier les sociétés de gestion de placement collectif et mettre sur le marché une large gamme d'instruments adaptés aux différentes catégories d'épargnants afin que chacun puisse orienter son investissement en fonction de ses goûts, affinités ou convictions, rendements, etc. Pour les trésoriers d'entreprises ou les particuliers qui souhaitent par exemple placer leurs liquidités à court terme sans aucun risque de perte, les Sicav monétaires sont toutes indiquées. Pour ceux qui veulent courir un risque, il convient de mettre à leur disposition un produit qui offre cette condition. Une politique de placement devient alors nécessaire pour les autorités concernées par le développement de l'épargne et la fiscalité. C'est un des axes de la modernisation du système bancaire qui n'a pas trouvé encore à s'exprimer clairement.