L'Algérie doit établir une discipline de marché sur “l'ancienne économie” gérée par le secteur public, tout en donnant l'occasion à la “nouvelle économie” menée par le secteur privé de se développer. “Depuis 1994, le gouvernement a entrepris avec succès une importante consolidation budgétaire, adopté des politiques monétaires et budgétaires prudentes face aux prix fluctuants du pétrole et accompli quelques progrès dans la réforme structurelle”, note un rapport de la Banque mondiale, “Stratégie macroéconomique à moyen terme pour l'Algérie : soutenir une croissance plus rapide avec la stabilité économique et sociale”, publié en mai 2003, mais jamais rendu public. Le rapport qui est divisé en trois parties note que pour la première fois, dans les deux dernières décennies, l'Algérie connaît maintenant une légère reprise de la croissance avec cinq années consécutives de croissance positive du PIB par habitant. Le PIB a progressé, en moyenne, de 2,5% par an de 1999 à 2002, tandis que le secteur hors hydrocarbures, non agricole, progressait à un rythme plus rapide de 2,9%. Impulsée par une demande domestique en croissance rapide grâce au Programme de soutien à la relance économique, la croissance du secteur hors hydrocarbures a été revitalisée mais elle demeure insuffisante pour absorber le haut niveau du chômage. Accélération Des privatisations Le rapport de la Banque mondiale souligne qu'en dépit “des mesures prises à ce jour, la transition de l'Algérie vers le marché demeure incomplète”. Du coup, suggère-t-elle, pour achever la transition vers une économie de marché dynamique, l'Algérie doit établir une discipline de marché sur “l'ancienne économie” gérée par le secteur public, tout en donnant l'occasion à la “nouvelle économie” menée par le secteur privé de se développer. “Il est essentiel d'établir une discipline de marché pour les entreprises publiques, de sorte qu'elles soient incitées à se restructurer et à devenir plus productive et en mesure de soutenir la concurrence dans un système basé sur le marché”, note le rapport. Ceci appellera en fin de compte une accélération majeure du programme de privatisation. L'analyse empirique, nous dit le texte de la banque mondiale, montre que cette “croissance manquante à long terme” s'explique essentiellement par les distorsions de prix relativement importantes de l'Algérie pendant la période d'économie dirigée, la faiblesse de ses institutions d'appui au marché, les indicateurs de faible capital humain et les risques associés aux chocs extérieurs importants. L'excès de volatilité coûte à l'Algérie près de 0,7% en croissance annuelle moyenne par habitant, alors qu'une perte de près de 0,4% peut s'attribuer aux institutions faibles, 0,6% aux faibles indicateurs de capital humain et 0,1% aux distorsions des prix (prime du “marché parallèle” sur le taux de change officiel). Qualité des réglementations : l'Algérie à la traîne “Pour la qualité des réglementations et la primauté du droit, l'Algérie se classe respectivement dernière et avant-dernière” souligne-t-on. La banque mondiale estime que le retard dans la restructuration et la privatisation des entreprises publiques a eu des conséquences négatives sur l'activité manufacturière, l'investissement, et la solvabilité du système bancaire, paralysé par des créances douteuses. “La perception du pays à l'étranger a été négativement affectée par les hésitations perçues dans la mise en œuvre des réformes, en particulier du programme de privatisation”, affirme le rapport. Les investisseurs étrangers, nous dit-on se sont détournés de l'Algérie, du fait du manque d'attrait des partenaires locaux, d'un environnement des affaires perfectibles et les préoccupations en matière de sécurité. Outre les goulets d'étranglement à l'accès au crédit et au foncier industriel, les obstacles auxquels il y aurait lieu de remédier sont notamment, les barrières administratives aux affaires ; les faiblesses du cadre juridique, judiciaire et de gouvernance ; le coût élevé et l'absence de fiabilité des infrastructures et services commerciaux essentiels. Un classement de l'Algérie sur 42 indicateurs d'infrastructure indique un faible niveau de performance. M. R.