Premier producteur et exportateur européen de blé, la France aura de grosses difficultés à satisfaire ses clients traditionnels, dont l'Algérie et l'Egypte, en raison d'une saison de médiocre qualité de son blé meunier, a rapporté jeudi l'agence de presse britannique Reuters. La récolte française de blé pour la meunerie a été fortement contrariée cet été par une conjugaison exceptionnelle d'intempéries, qui ont dégradé la qualité des grains, lui laissant peu d'espoir de trouver des acheteurs sur le marché international. Surtout que le cahier des charges de l'Algérie ou celui de l'Egypte, le premier importateur mondial de blé, réclament, ajoute la même source, des qualités facilement panifiables, avec notamment des temps de chute de Hagberg élevés (un indice qui, trop bas, fait que les farines donnent des pâtes collantes et lourdes.) Si le ministère français de l'Agriculture table sur une récolte de blé tendre en hausse de 1,2%, à 37,3 millions de tonnes, certains analystes prédisent même un peu plus de 38 millions de tonnes. Mais plusieurs critères qualitatifs ont été affectés dans des proportions variables selon les régions, comme le poids spécifique, la teneur en protéines et plus particulièrement le temps de chute de Hagberg. Par conséquence, une grande partie de la production de blé français ne pourra donc être écoulée qu'en fourrage pour l'alimentation du bétail et à moindre prix, selon Reuters. Cependant, afin d'honorer des contrats déjà passés, qui pourraient inclure des exportations vers l'Algérie, la France a été forcée d'importer, fait inédit, cette semaine, des blés meuniers en provenance de Lituanie et du Royaume-Uni pour les mélanger à une récolte française qui a souffert des intempéries de l'été. Quelque 3000 tonnes de blé britannique sont arrivées à Dunkerque et un second chargement de 4400 tonnes en provenance du Royaume-Uni était à Rouen jeudi. Le même jour, à Rouen toujours, 27 500 tonnes de blé lituanien à haut contenu en protéines étaient déchargées. Ce seul chargement est supérieur au total des importations de blé enregistrées pendant la campagne 2010-2011, soit 22 600 tonnes, déjà pour compenser une récolte de piètre qualité. «Pour le moment, il n'y a pas d'autre solution que de mélanger les blés pour honorer les contrats passés. Nous ne nous attendions pas à avoir tant de (de basse qualité)», affirme un courtier cité par Reuters. Durant le premier trimestre 2014, les importations algériennes de blé, en provenance essentiellement de la France, ont enregistré une hausse de 17,66%, atteignant 543,96 millions de dollars contre 462,31 millions de dollars à la même période de l'année dernière, selon des chiffres du Centre national de l'informatique et des statistiques des Douanes.Les quantités de blés (tendre et dur) importées ont atteint 1,714 million de tonnes contre 1,251 million de tonnes durant la même période de comparaison. Les besoins nationaux en céréales sont estimés à environ 8 millions de tonnes/an, ce qui classe l'Algérie parmi les plus importants importateurs de céréales.