Les normes parasismiques seraient moins respectées dans les constructions de bâtisses réalisées par des promoteurs privés que par celles érigées par les services publics. D'après des spécialistes du BTPH sollicités par l'APS, les nouvelles bâtisses construites par les entreprises publiques ont mieux résisté au dernier séisme qui a frappé Alger le 1er août dernier, de magnitude 5.6 sur l'échelle de Richter, «contrairement à certaines constructions réalisées par des promoteurs privés qui n'auraient pas respecté les techniques parasismiques et le choix des matériaux répondant au normes», note le rédacteur de la dépêche, indiquant que des fissures ont été constatées sur certaines de ce genre de bâtisses érigées dans l'Algérois. «Nous avons constaté des fissures dans les murs de séparation au niveau de constructions d'une promotion privée dans la commune de Bordj El Bahri à l'est d'Alger», a affirmé Abdelkrim Selmane, consultant en BTPH. De son côté, Saïd Younsi, qui dirige un cabinet d'architecture, assure que des «dégâts plus ou moins importants» ont été notés sur des constructions situées, entre autres, dans les communes de Birtouta, Chéraga et Baba Ali. «Des confrères m'ont aussi parlé de cas similaires à Bordj El Bahri et Aïn Benian. Il n'y a pas eu de destructions totales mais des nœuds se sont ouverts dans ces bâtisses», a-t-il ajouté. Affirmant qu' «il y a moins de problèmes dans les projets publics», l'expert impute ces défaillances aux «entrepreneurs qui se soucient peu du respect des normes parasismiques, notamment le respect des procédés de construction et l'absence de suivi et de contrôle», rapporte l'agence. Concernant la conformité des matériaux utilisés par les constructeurs, M. Younsi déplore que des entreprises privées continuent de réaliser elles-mêmes leur béton sans respecter les normes de production et en l'absence de tout contrôle. «En Algérie, c'est l'entrepreneur qui fabrique son béton et quand il le fait lui-même, il n'est pas bien contrôlé. Et là, il faut séparer les deux métiers qui sont différents», préconise-t-il en dénonçant le fait que certains entrepreneurs «mettent plus d'eau qu'il n'en faut dans le dosage du ciment, ce qui rend ce matériau moins résistant par rapport à celui fabriqué avec une bétonnière». L'autre grief porté par les experts en BTPH cible certains laboratoires de contrôle des matériaux de construction qui «manquent de professionnalisme et de rigueur», citant à titre d'exemple une différence «énorme » entre les résultats de contrôle du même béton dans deux laboratoires distincts. Par ailleurs, d'autres experts ont recommandé l'utilisation de matériaux de construction modernes et plus légers qui renforcent la résistance des bâtisses aux séismes et réduisent les dégâts. Selon eux, l'Algérie, comme d'autres pays qui connaissent une intense activité sismique, peut remplacer les matériaux classiques, comme les briques et les cloisons lourdes, par des plaques de plâtre et des cloisons légères. Ces professionnels ont regretté également le manque de culture de maintenance d'un bâtiment en matière de réseaux, de canalisations, de contrôle et de réfection. Ils ont mis l'accent sur l'importance de s'habituer à assurer des niveaux de maintenance sur des vieux bâtis qui constituent «un patrimoine et un tissu urbain européen hérité de l'époque coloniale».