Il y a un petit peu plus de 30 ans, Haroun Tazieff le vulcanologue français avait alerté sur le danger représenté par les constructions sauvages le long du littoral algérien. Personne n'avait voulu écouter cet éminent expert étranger passé ministre et décédé depuis, qui séjourna en Algérie juste après le séisme d'El-Asnam, pour y donner quelques conférences sur l'origine des tremblements de terre et la manière d'en limiter les dégâts, notamment humains, sachant qu'on ne peut pas, dans l'absolu, les prévenir. Depuis, de plus en plus d'experts s'attendent à une avancée en matière de prévention des risques sismiques sur les constructions et les infrastructures. La condition en est que la réglementation relative aux normes parasismiques en Algérie soit révisée car elle s'est révélée inefficiente et ne tenant pas compte des spécificités de certaines régions. Bien présent à l'esprit des Algériens, notamment depuis le séisme du 21 mai 2003, le risque sismique rappelle à chaque fois la nécessité de s'en prémunir et d'appliquer les normes parasismiques, d'autant que le tremblement de terre du 1er août a dévoilé de nombreuses insuffisances en la matière, ont affirmé des spécialistes du BTPH. Selon ces spécialistes, les nouvelles bâtisses construites par les entreprises publiques ont résisté mieux au dernier séisme contrairement à certaines constructions réalisées par de promoteurs privés qui n'auraient pas respecté les techniques parasismiques et le choix des matériaux répondant aux normes. Les nouvelles constructions réalisées par les entrepreneurs publics n'ont pas subi de dégâts lors de ce séisme de magnitude 5,6 qui a frappé la capitale le 1er août tuant six (6) personnes, alors que des fissures ont été constatées sur des constructions d'opérateurs privés dans certains quartiers de l'Algérois, ont-ils relevé dans des témoignages à la presse. "Nous avons constaté des fissures dans les murs de séparation au niveau de constructions d'une promotion privée dans la commune de Bordj El Bahri à l'Est d'Alger", a affirmé Abdelkrim Selmane, consultant en BTPH. Ces fissures, qui ont épargné l'ossature des habitations, étaient causées en grande partie par un mauvais dosage de ciment dans les jointures pour la pose des briques, a-t-il expliqué. En revanche, certaines nouvelles constructions réalisées par des promoteurs privés et situées notamment dans les communes de Birtouta, de Chéraga et de Baba Ali ont subi des dégâts plus ou moins importants, a-t-il constaté.
Nécessité d'utiliser des matériaux modernes dans la construction Bien que les dégâts ne soient pas très importants, ce professionnel a mis en garde contre un début de destruction qui va s'accentuer s'il n'y a pas de réhabilitation et de respect des normes de construction. "Si un autre séisme se produit et les réparations nécessaires ne sont pas opérées, le désastre va encore s'accentuer", a-t-il averti. Quant à la conformité des matériaux de construction, M. Younsi a déploré le fait que des entreprises privées de construction continuent à fabriquer eux-mêmes leur béton sans respecter les normes relatives aux procédés de production de ce matériau stratégique et en l'absence de contrôle. "En Algérie, c'est l'entrepreneur qui fabrique son béton et quand il le fait lui-même, il n'est pas bien contrôlé. Et là, il faut séparer les deux métiers qui sont différents", a-t-il noté. Il a donc préconisé à ce sujet que les entreprises arrêtent de fabriquer leurs bétons et le commandent auprès des centrales agréées pour les grands ouvrages comme cela se fait dans d'autres pays. Il a relevé, en outre, le manque de professionnalisme et de rigueur de la part de certains laboratoires de contrôle des matériaux de construction, citant à titre d'exemple une différence "énorme" des résultats de contrôle du même béton dans deux laboratoires. Dans le même contexte, il a mis en garde contre certaines pratiques dans la préparation de béton où les entrepreneurs mettent plus d'eau qu'il en faut dans le dosage du ciment, ce qui rend ce matériau, a-t-il dit, moins résistant par rapport à celui fabriqué avec une bétonnière.