L'immigration clandestine, les prisons secrètes de la CIA en Europe, la menace terroriste...sont autant de questions à propos desquelles le PE estime que la Commission comme le Conseil n'ont pu répondre ces derniers mois. Il n'y a pas que dans les pays du tiers-monde ou les républiques dites «bananières» que l'exercice de la démocratie s'apparente à une comédie sociale ou, si vous voulez, à une parodie de mauvais goût. Voilà le Parlement européen (P.E.), lieu de débats libres et de qualité politique avérée, sermonnant l'exécutif européen qu'est la Commission ainsi que l'organe suprême de décision qu'est le Conseil européen (chefs d'Etat et de gouvernement), les accusant d'inactivité, voire de laxisme, sur des sujets brûlants de l'actualité. L'immigration clandestine, les prisons secrètes de la CIA en Europe, la menace terroriste...sont autant de questions à propos desquelles le P.E. estime que la Commission comme le Conseil n'ont pu répondre ces derniers mois, alors qu'elles sont inscrites comme priorités dans l'agenda de la politique extérieure de l'Union. De nombreux députés ont, d'ores et déjà, fortement critiqué, lors du débat de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures, l'inactivité de la Commission et du Conseil face aux événements dramatiques de cet été -immigration clandestine- et ont déploré la réduction de la dotation budgétaire allouée à la politique migratoire opérée par le Conseil, lit-on dans la note du PE diffusée lors de la session plénière qui se tient du 25 au 28 septembre à Strasbourg. Avec les mêmes propos critiques, le P.E. reproche aux instances exécutives de l'Union leur manque de transparence sur les questions des prisons secrètes de la CIA en Europe et des initiatives communes face à la recrudescence de la menace terroriste. Les reproches des élus européens auraient pu paraître pertinents et opportuns, n'était le fait que l'auguste institution parlementaire ait suivi et adopté, sans trop de réserves, les décisions prises, et il y en a, par la Commission et le Conseil depuis les attentats terroristes du 11 septembre 2001 qui ont frappé les USA. A commencer par les échanges des données à caractère personnel traités dans le cadre de la coopération policière et judiciaire, où il est question de préciser leur faisabilité et leur utilité sans pour autant porter atteinte à la vie privée. La Commission a bien proposé une décision-cadre établissant des règles de traitement des données personnelles et le P.E. a apporté, le 14 juin dernier, son soutien à cette décision en réclamant -question de procédure- «un engagement ferme du Conseil» à la décision de la Commission. L'autre sujet brûlant, à savoir «l'immigration clandestine», faut-il rappeler que le P.E. a suivi les initiatives des exécutifs européens dans l'approche, principalement sécuritaire, du traitement des flux migratoires? Le P.E. n'a pas réagi aux conclusions de la conférence sur les migrations qui a eu lieu au printemps au Maroc, et qui a débouché sur la «nomination», par exemple, du Maroc et de la Libye, comme gendarmes, gardiens des frontières européennes. En contrepartie, ils ont gagné quelques millions (48 millions) pour entretenir sur 5 ans, les camps de «captation» des réfugiés et migrants qui atterrissent chez eux. De plus, où est l'action du P.E. dans, autre chapitre de l'immigration clandestine, la bataille des milliers de sans-papiers vivant en Europe depuis des années? Enfin, l'inquiétude du P.E. face à «l'inertie» des gouvernements européens (l'épithète est du P.E.) dans le traitement de la «recrudescence de la menace terroriste», est révélatrice de l'exercice, souvent bancal, de la démocratie dont se distingue le P.E. Combien de fois, depuis les attentats du 11 septembre, les députés ont-ils tenté de s'opposer aux initiatives musclées des Américains, conjuguées aux soutiens de leurs gouvernements? A contrario, combien de fois ont-ils soutenu l'Algérie dans sa guerre «solitaire» contre le terrorisme durant les années noires? Les réseaux de soutien, logistique et financier, au terrorisme international implanté en Europe, n'ont été réellement démantelés qu'après le drame du 11 septembre et les «ordres» de l'Amérique de George Bush. Pour ces simples raisons, les élus européens gagneraient en sympathie, s'ils reconnaissaient, eux aussi, leur inertie et leur conception du deux poids, deux mesures, selon que l'on se situe au sud de l'Europe ou au-delà de l'océan Atlantique. Sans relever au passage que les gouvernements ont des impératifs que les élus sont supposés bien connaître, mais qu'ils feignent d'ignorer. Pour la galerie, sans doute.