La gestion des options et filières traduit une incohérence criante et les autorités de tutelle se doivent de tenir compte non seulement des paramètres déjà signalés, mais surtout des exigences et des défis qui se posent au pays. La question de stratégie des profils à développer est une préoccupation clé à laquelle les enseignants doivent participer : devrions-nous continuer à former dans 14 établissements des ingénieurs agronomes avec des options classiques en même temps que l'Institut de l'agriculture saharienne ferme ses portes ? Les préoccupations nationales étant celles du monde rural (développement et environnement comme enjeux), pourquoi fermer arbitrairement certaines filières adaptées en raison simplement de l'amenuisement de leur effectif ? La méthode est toujours la même : les constats expéditifs et simplistes qui traduisent l'ignorance des attributions même des gestionnaires pédagogiques. Il est tout aussi anormal qu'une université comme celle où nous exerçons se voit détournée de sa vocation des sciences et techniques au point de se voir tout à fait déséquilibrée, vers les sciences humaines et sociales avec une sous-utilisation des infrastructures acquises en technologie et des moyens modiques en sciences humaines et sociales au vu de leurs effectifs d'étudiants. La carte universitaire se devra de consacrer progressivement, c'est-à-dire sans induire ni perdition de l'encadrement, ni sous-utilisation des capacités de l'environnement de l'université, ni celle de ses moyens à la mise en œuvre, la notion de pôle d'excellence. Pour ce faire, l'encouragement des classes scientifiques des lycées est nécessaire ; elles permettraient de rehausser le nombre de bacheliers en sciences et permettre une réhabilitation des filières techniques et scientifiques. Là, apparaît la nécessité et la volonté politique nécessaire de repenser le système de formation dans son intégralité non d'une manière sectorielle ni sous le poids des contraintes conjoncturelles avec précipitation. La vocation des universités se doit d'être sauvegardée, car il n'est pas possible d'exceller en sciences humaines et sociales en même temps qu'en sciences et techniques. La gestion des flux de bacheliers se devra d'être une gestion pédagogique et non une simple « opération d'agréage » et de ventilation des inscrits sur l'ensemble des universités. La gestion pédagogique et la gestion de la recherche à redéfinir Actuellement, la notion de gestion pédagogique est amalgamée à gestion administrative : 1 Le vice-rectorat qui en a la charge se limite d'une manière routinière à organiser les inscriptions, des rencontres avec les responsables de scolarité et à fournir les documents administratifs aux étudiants. 2 Les responsables de la scolarité des départements se contentent d'élaborer les emplois du temps et de programmer dans le meilleur des cas des réunions des jurys et des CP. Cela traduit une vision limitative de ces importantes structures. Cette vision est induite le plus souvent par le mode de nomination qui demeure la cooptation qui accorde plus d'importance à l'obéissance qu'à la compétence. Il est nécessaire que ces responsables soient élus par les enseignants ; ils doivent réhabiliter ces services qui sont d'une extrême importance car la gestion pédagogique consiste surtout à : L'application des règlements concernant les systèmes de passage et de contrôle. Oeuvrer dans la collégialité pour des systèmes d'évaluation qui ne phagocytent pas le temps pédagogique et auxquels les étudiants adhèrent. Planifier les effectifs et veiller à sauvegarder l'équilibre des différents départements/facultés du point de vue des effectifs étudiants et de leur encadrement. Trouver les formes organisationnelles pour rehausser le temps pédagogique et éviter que le semestre d'étude n'équivaille à 12 semaines. En conséquence, ces postes se doivent d'être confiés à des enseignants dont les compétences en matière d'adaptation aux différentes situations pédagogiques de capacités de réflexion pédagogiques, de proposition aux enseignants de méthodes nouvelles innovantes de contrôle des connaissances adaptées aux filières et à discuter avec les délégués étudiants... sont avérés. La réhabilitation des jurys et leur totale souveraineté reste une condition essentielle de l'existence même de l'université. Dès lors que l'administration intervient dans cette question, c'est la preuve de la subordination de la progression pédagogique à des impératifs de régulation de flux et non à ceux de la capitalisation du savoir. Il devra appartenir aux jurys de fixer et de proposer aux CS les flux des différentes options. C'est là un axe fondamental de la gestion pédagogique. Les responsables de ces structures doivent se caractériser par des capacités de communication car c'est à eux qu'incombe la responsabilité d'informer sur les filières, de convaincre sur les choix et les nécessités dans l'orientation des étudiants. Leur action devra être dynamique et tournée vers l'environnement de l'université. En effet ce n'est pas aux enseignants mais à eux qu'incombe la responsabilité de l'ouverture de l'université vers l'extérieur. Dotés de moyens, c'est à ce niveau que se joue la formation réelle qui intégrerait la connaissance du monde socio-économique à travers l'élaboration de conventions et la réalisation de stages et sorties sur terrain. L'enseignant ne peut apporter que l'information et le plan de travail. Le service des stages devra prendre en charge la préparation matérielle et la prise en charge des étudiants et des enseignants. La pédagogie étant un non-sens sans la recherche, il est nécessaire que les vice-rectorats chargés de la recherche facilitent l'activité de recherche à tous les enseignants versés dans des axes de recherche en matière de : Sorties sur le terrain. Défraiement des frais de transport. Equipement bureautique et reprographie. Convention avec les laboratoires publics. Proposition d'axes de recherche que le vice-rectorat détermine avec le secteur économique. La gestion des affaires de la post-graduation et de recherche gagnerait à être plus efficiente et moins bureaucratique, moins formaliste mais plutôt tournée vers la recherche de solutions des problèmes de la recherche : produits chimiques, consommables, équipements, déplacements, publications, etc. Le vice-rectorat se doit de prendre en charge la reprographie de tous les documents relatifs aux travaux de thèses des enseignants et veiller à leur diffusion. Par ailleurs, les stages de courte durée alloués aux enseignants doivent être conséquents en matière pécuniaire ; la dignité de l'enseignant à l'étranger en dépend. il est temps que le stagiaire puisse sentir les avantages de son grade en se déchargeant de quêter à chaque fois les hôtels les moins chers et de ne pas se permettre de sorties avec ses collègues étrangers. Les frais de visa et de l'assurance voyage et de rapatriement doivent être à la charge de l'institution dont la tutelle doit veiller à la dignité de l'enseignant algérien par le respect des conventions Algérie — pays tiers en matière d'échange et d'assurance maladie notamment avec la France. (A suivre) L'auteur Maître de conférences