La saison estivale dans la wilaya de Tipasa a enregistré depuis son lancement une hausse inquiétante des drames qui ont endeuillé plusieurs familles. L'inconscience de certains est la première cause de cette longue série d'accidents qui se produisent en mer et sur les routes. Or, le sens réel de la saison estivale est tout autre. La wilaya de Tipasa compte officiellement 42 plages autorisées à la baignade. Pour de nombreux citoyens, le nombre des plages où ils peuvent se baigner, à leurs yeux, est supérieur et ils ne se gênent plus de s'aventurer dans des espaces non surveillés, de surcroît quel que soit l'état de la grande bleue. Plus grave encore, ces «estivants» arrogants polluent la bande littorale de cette wilaya qui souffre déjà de l'immobilisme et de l'inertie de ses responsables locaux, que l'Etat paie pour une mission bien précise. Ces «vacanciers» d'un nouveau genre transforment les plages, les criques et la mer en un immense dépotoir, balançant leurs détritus dans ses espaces naturels pas du tout protégés. A titre d'exemple, même dans une plage surveillée d'un complexe touristique à Tipasa, une mère de famille a changé la couche de son enfant sous le regard des baigneurs sur la plage. La couche, salie par les excréments du bébé, a été jetée au bord de la plage. Un exemple parmi tant d'autres. Selon le chargé de la communication de la direction de la Protection civile de la wilaya de Tipasa, le lieutenant Mechalikh Mohamed, depuis le début de la saison estivale les équipes de la PC ont pu sauver 2079 baigneurs victimes de noyade, 1115 baigneurs qui s'étaient blessés sur les plages et les criques, parmi eux 930 citoyens qui ont bénéficié de soins sur les lieux, tandis que 185 blessés avaient été évacués par les éléments de la Protection civile vers les établissements du secteur de la santé. Selon notre interlocuteur, à ce jour il y a eu 6 décès en mer, soit un de moins par rapport à la saison estivale 2013. En réalité, les statistiques ne comptabilisent pas les victimes de noyade qui ont rendu l'âme à leur arrivée dans les établissements du secteur de la santé. Cette saison estivale 2014, qui n'est pas encore achevée, a enregistré au total 10 décès par noyade. C'est énorme pour une petite bande du littoral estimée à une centaine de kilomètres, d'autant plus que ces accidents se sont produits entre la plage de Oued Bellah (Cherchell) et celle du Kouali (Tipasa). S'agissant des accidents de la circulation, les statistiques diffèrent d'une institution à une autre. Selon la Protection civile, depuis le début de la saison estivale, le bilan provisoire fait état de 137 accidents ayant occasionné des blessures à 117 citoyens et le décès de 5 personnes. Quant aux feux de forêt, le bilan est moins chaotique par rapport aux saisons précédentes, bien que les éléments de la Protection civile et leurs homologues de la Conservation des forêts demeurent vigilants. 122 ha de pins d'Alep, 19 ha de maquis et 2 ha de blé, telles sont les pertes occasionnées par les 88 feux de forêt enregistrés. Les estivants sont livrés à eux-mêmes C'est la loi de la jungle qui est imposée au niveau des différentes localités fréquentées par les «tourisques». Les rares bonnes actions se diluent rapidement au milieu de cet environnement caractérisé par l'anarchie, l'arrogance, l'impunité et la saleté. L'inconscience et l'incivisme sont à l'origine des dégâts qui rendent la saison estivale insoutenable pour ces familles en quête d'évasion, de repos, de bonheur, en dépit des investissements importants alloués par les pouvoirs publics aux représentants locaux de l'Etat, instruits pour offrir des conditions afin de bien accueillir les estivants. Depuis le début de la saison estivale jusqu'à la 2e décade du mois d'août, la wilaya de Tipasa a accueilli trois millions d'estivants, selon les déclarations officielles. Un chiffre contesté bien entendu, car aucune mesure fiable n'est mise en branle pour quantifier le nombre d'estivants qui fréquentent la wilaya de Tipasa durant la saison estivale.