Le décès du consul d'Algérie à Gao, Boualem Saies, des suites d'une maladie chronique durant sa captivité imprime une issue tragique à ce dénouement, malgré la libération des deux derniers otages. Fin de vie pour le consul et fin de calvaire pour deux otages après plus de deux ans de captivité dans le désert malien. Le consul d'Algérie à Gao enlevé le 5 avril 2012, Boualem Saies, est décédé pendant sa captivité des suites d'une longue maladie, a confirmé, hier, le ministère des Affaires étrangères, se basant sur des «informations concordantes» alors que les deux autres otages restés aux mains de leurs ravisseurs, Mourad Guessas et Kedour Miloudi, ont été libérés. Ils ont été admis depuis leur arrivée, hier matin, à l'hôpital militaire de Aïn Naâdja (Alger) pour des examens médicaux et psychologiques dans la discrétion la plus totale avant de passer les incontournables séances de débriefings menées par les services de renseignements. Ainsi prend fin le douloureux épisode des otages algériens enlevés par le Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) qui a duré 876 jours. «Le gouvernement algérien annonce la libération, samedi 30 août 2014, des derniers otages enlevés à Gao le 6 avril 2012. La libération de MM. Mourad Guessas et Kedour Miloudi, qui fait suite à celle des trois otages libérés quelques jours après leur enlèvement, est intervenue après d'intenses et inlassables efforts déployés par les institutions de l'Etat dans la plus grande discrétion», a indiqué le communiqué du ministère des Affaires étrangères. Le département de Ramtane Lamamra confirme également l'assassinat «odieux» du consul, Tahar Touati, survenu début septembre 2012. Agé d'à peine 32 ans, Tahar Touati venait juste de débuter sa carrière dans la diplomatie avant de tomber entre les mains de ses assassins. Pour rappel, trois des sept otages enlevés ont été libérés en juillet 2012. Par ailleurs, le gouvernement algérien assure ne pas avoir payé de rançon en échange de la libération des deux otages, mais sans fournir aucune précision sur les circonstances de cette libération intervenue après d'intenses et inlassables efforts déployés par les institutions de l'Etat dans la plus grande discrétion. «La libération est intervenue dans le respect de la position doctrinale de notre pays et de ses engagements internationaux en refusant tout paiement de rançon», souligne le ministère des Affaires étrangères. Pour rappel, le Mujao, une organisation terroriste qui est apparue dans le sillage de la dégradation de la situation sécuritaire dans la région du Sahel, avait au départ exigé des autorités algériennes de payer une rançon de 15 millions d'euros pour obtenir la libération des sept otages. Alger avait opposé une fin de non-recevoir, car elle a été de tout temps opposée au paiement de rançons, et ce, pour «assécher» les sources de financement des groupes terroristes qui proviennent essentiellement des prises d'otages. Le gouvernement algérien, à qui a été souvent reprochée la manière de gérer ce dossier - attentiste et réservée - affirme qu'il n'a «tout au long de cette période de détention, ménagé aucun effort pour obtenir la libération, sans condition, de nos diplomates». Par ailleurs, Alger rappelle, à la faveur du dénouement de cette prise d'otages, «l'impératif de la poursuite, sans répit, de la lutte contre le terrorisme et ses multiples connexions que sont le trafic de drogue et le crime organisé, au Sahel et partout à travers les autres régions de notre continent et du monde», et réitère son appel au «renforcement de la coopération internationale pour éradiquer ces phénomènes». En somme, la fin de cette prise d'otages - la plus longue en Algérie - ne doit pas occulter les conditions dans lesquelles les sept fonctionnaires des Affaires étrangères ont été enlevés. Dans une vidéo datant de janvier 2013, les otages enlevés avaient affirmé qu'ils pouvaient quitter Gao avant que le rapt ne se produise. «Alors que nous pouvions quitter Gao, mais nous sommes restés sur demande du ministère des Affaires étrangères», a déclaré un des otages. Les autorités diplomatiques et militaires avaient alors sous-estimé le danger qui pesait sur les fonctionnaires algériens ou bien ont-elles agi avec légèreté alors que la menace était réelle dans une zone livrée à des groupes djihadistes ? Qui est responsable ? Nous n'en saurons pas plus sur cette prise d'otages où deux diplomates ont laissé la vie.