Mourad Guessas et Kedour Miloudi, deux des diplomates algériens pris en otages à Gao, au nord du Mali, depuis plus de deux ans, par le groupe terroriste armé Mujao ont été libérés hier matin. Selon nos sources proches des négociateurs, les ravisseurs ont cédé aux pressions exercées par l'Etat algérien et les groupes des touaregs arabes. Les otages ont été libérés à Bordj Badji Mokhtar et remis aux autorités. «Mourad Guessas et Kedour Miloudi ont été finalement délivrés tôt le matin. Aucune rançon n'a été payée pour leur libération», ont assuré nos sources. Il s'agit des deux dernières personnes enlevées restées en vie. «Le consul Boualam Saies et le diplomate Tahar Touati sont morts, l'un de maladie, l'autre tué neuf mois après son rapt par le groupe terroriste, en gage de pression sur l'Etat algérien», a souligné cette source. «C'est une bataille gagnée contre le terrorisme par l'Algérie qui a pour principe de ne jamais négocier avec les terroristes et encore moins de payer des rançons», a tenu à souligner une source gouvernementale. Le 5 avril 2012, la mission consulaire algérienne à Gao avait été prise d'assaut par le Mouvement pour l'Unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao-islamiste). Le consul et six membres de la mission consulaire algérienne ont été enlevés. Les kidnappeurs avaient recouru à la séparation des otages en petits groupes placés sous bonne garde, afin qu'ils ne puissent être retrouvés. Un groupe armé du MNLA qui assurait la sécurité du consulat s'est vu encercler par des terroristes portant des ceintures explosives et des détonateurs. «Ils ont dit aux éléments du MNLA que s'ils ne partaient pas, ils feraient sauter les éléments du MNLA, le personnel du consulat et le consulat. C'est ainsi entre autres que le consul algérien et d'autres membres du personnel ont été enlevés», avait relaté à ce propos Hama Ag Sid Ahmed, porte-parole du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA-touareg). Les sept diplomates algériens «ont été enlevés par le Mujao, dirigés par la suite chez les barons de la drogue», avait-il affirmé. Il avait fallu attendre quelques jours avant que le Mujao ne revendique la responsabilité des enlèvements et environ un mois avant qu'il ne formule ses exigences : 15 millions d'euros et la libération de terroristes contre celle des sept diplomates algériens. Le 24 août 2012, un message du Mujao avait «menacé» les autorités algériennes de «représailles» si elles ne libéraient pas dans les cinq jours trois terroristes arrêtés le 15 août 2012, dont un chef d'Aqmi, Necib Tayeb, dit Abderrahmane Abou Ishak Essoufi, originaire de la wilaya de Ghardaïa. Le vice-consul Tahar Touati avait été tué par la suite au terme d'un ultimatum de huit jours pour la libération des terroristes. Le ministère des Affaires étrangères a annoncé, dans un communiqué rendu public hier matin, que «les deux derniers otages algériens (diplomates) enlevés le 5 avril 2012 à Gao ont été libérés». «Cette libération fait suite à celle des trois otages libérés quelques jours après leur enlèvement», a indiqué la même source. Le consul, Boualem Saies, qui fait partie des sept diplomates enlevés, est décédé des suites d'une maladie chronique, ajoute la même source, citant des «informations concordantes obtenues par le gouvernement algérien». Concernant le sort du diplomate Tahar Touati, son assassinat par les ravisseurs a été également confirmé. Le département de Ramtane Lamamra a estimé notamment que cette libération «est intervenue après d'intenses et inlassables efforts déployés par les institutions de l'Etat dans la plus grande discrétion et sous la supervision directe du président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika». Le gouvernement présente ses condoléances aux familles des victimes «En ces circonstances pénibles, le gouvernement algérien renouvelle ses sincères condoléances aux familles des diplomates assassinés et les assure de tout son soutien. Il s'incline devant la mémoire de ces martyrs du devoir et rend hommage à leur abnégation et leur dévouement dans l'accomplissement de leur devoir au service de la nation», a noté la même source. Le gouvernement rappelle que «tout au long de cette période de détention, les autorités compétentes algériennes n'ont ménagé aucun effort pour obtenir la libération sans condition de nos diplomates», a relevé le communiqué du MAE, précisant que cette libération est intervenue «dans le respect de la position doctrinale de notre pays et de ses engagements internationaux en refusant tout paiement de rançon». Le gouvernement algérien «remercie toutes les bonnes volontés qui ont permis d'aboutir au dénouement de cette prise d'otages» et souligne «l'impératif de la poursuite, sans répit, de la lutte contre le terrorisme et ses multiples connexions que sont le trafic de drogue et le crime organisé, au Sahel et partout à travers les autres régions de notre continent et du monde, et réitère son appel au renforcement de la coopération internationale pour éradiquer ces phénomènes», conclut la même source.