C'est un spectacle accomplis auquel nous aurons convié les Batnéens de l'association Afaque. En interprétant de manière magistrale Le retour d'Houlagou, ces comédiens talentueux auront parfaitement réussi à combler l'insatiable public de la salle Bleue. C'est une soirée aux couleurs politiques qu'a vécue lundi le théâtre romain de Timgad. La sublime Assala a choisi d'apparaître en tenue traditionnelle algérienne avec un « oucham » typiquement chaoui sur le menton pour dire son attachement à l'Algérie « pays où mon père venait souvent », mais aussi souligner les liens fraternels qui lient les peuples de la sphère arabe en ce moment de grave crise. Avant de chanter, la diva syrienne a prié le public d'observer une minute de silence à la mémoire des victimes du Liban, d'Irak et de la Palestine, les trois pays qui vont revenir dans ses chansons et dans ses discours durant tout son récital, alors que dans les gradins, des drapeaux syriens et algériens flottaient. Les mots de Assala étaient cependant éloignés de toute hypocrisie et démagogie caricaturale. Au contraire, ils venaient du fond de son cœur pour se hisser aussi haut que son art, offert avec beaucoup de générosité. En deux heures et demie de concert, la chanteuse n'a pas cédé un iota de sa majesté tout comme l'orchestre « tarab » qui la soutenait, guidé par le maestro Madjid Messaâdine. Puisant dans son répertoire ancien et nouveau, Assala a gratifié les milliers de spectateurs, venus spécialement pour elle, d'une prestation royale, déployant des prouesses vocales dont seules les chanteuses du Machrik ont le secret. Avec son timbre du pays du Cham et la puissance de ses cordes vocales, elle était maîtresse des lieux, menant à sa guise la soirée devant un public qui en redemandait, chantant avec elle la majorité des titres. Assala a chanté, à l'occasion, une nouvelle chanson composée par Mounir El Djazaïri qu'elle qualifie elle-même de très belle, comme pour se faire pardonner sa prestation lors du festival de Djemila en 2005 qu'elle a dit décevante, se justifiant par son état moral à l'époque. Les jeunes déchaînés en haut des gradins n'ont pas daigné répondre à ses appels au calme, réclamant leur tube préféré Ya magnoun et Assala n'aura d'autre choix que de s'exécuter au bonheur de tous. Un pur moment de plaisir sur la scène comme dans les gradins du théâtre. Elle chantera en plus de ses chansons d'amour connues, des anachid patriotiques pour terminer avec Falestine arabia. A noter, pour cette soirée, l'absence du chanteur algérien Youcef Toufik, qui devait honorer la première partie du spectacle. Son absence est certes passée inaperçue, mais l'organisateur a omis d'annoncer cela au public et justifier l'absence comme il se doit pour montrer un minimum de respect envers l'artiste et envers le public. Assala fan des coups de boule Très touchée par la guerre que subit le peuple du Liban, Assala a déclaré à son arrivée à l'aéroport de Batna : « Je suis une partie de la nation arabe, mais malheureusement, cette nation a perdu de son humanisme en cédant à la routine et s'est habituée à regarder le spectacle de la mort sans réagir. Je ne sais pas demander ni donner des conseils mais je souhaite que les Arabes ferment leurs yeux et voient au lieu de regarder le spectacle les yeux ouverts. » Au public algérien qui la connaît et la suit depuis 13 ans, elle a dit : « J'ai des relations pures avec les Algériens que je connais à travers Ouarda, Khaled et Zidane. Et moi comme Zidane, je frappe celui qui m'agresse, même si je n'ai pas son physique. »