La ministre de l'Education nationale, Mme Nouria Benghebrit, qui est venue à la tête de ce secteur stratégique avec une vision nouvelle de l'école orientée vers la performance et l'élévation du niveau pédagogique des élèves et des diplomés, entame sa véritable rentrée politique et sociale avec la nouvelle année scolaire. Entrée au gouvernement à quelques mois des vacances scolaires, Mme Belghebrit avait beaucoup fait parler d'elle, en inaugurant un nouveau style dans la gestion de ce secteur, répondant volontiers aux sollicitations de la presse, en n'éludant aucun sujet ou controverse qui agitent le secteur et la famille de l'éducation. Après avoir pris le pouls fébrile d'un département ministériel qu'elle connaît bien de l'intérieur pour y avoir occupé diverses fonctions, c'est désormais en tant que première responsable du secteur qu'elle engage son crédit et l'expérience acquise durant sa longue et riche carrière passée dans les différents services du ministère. Le discours que développe Mme Benghebrit, depuis sa nomination à la tête du ministère, tranche singulièrement avec la langue de bois «benbouzidienne». On la sent très à l'aise sur toutes les questions pédagogiques intéressant son secteur, maîtrisant parfaitement son sujet ; le tout doublé de cette rare qualité qui fait défaut chez nous dans l'exercice d'une fonction officielle : la liberté de ton et de parole. Autant d'atouts qui lui donnent ce précieux avantage d'être immédiatement opérationnelle, de ne pas s'astreindre au diagnostic d'un secteur dont elle connaît les maux et la thérapie à administrer pour les juguler. Et parce que c'est un cadre du cru, les attentes de la famille de l'éducation, des parents d'élèves et de la société, d'une manière générale, n'en seront que plus légitimes et plus pressantes. Elle ne bénéficiera d'aucun état de grâce comme le veulent les usages en pareilles circonstances. Pour l'heure, on ne sait pas encore grand-chose des chantiers que la ministre entend lancer, si ce n'est quelques idées éparses émises au détour de ses déclarations. Des réflexions qui ne renseignent pas sur l'existence d'un projet de réformes structuré, abouti. Les quelques mesures que Mme Benghebrit a annoncées à l'occasion de cette rentrée, telles que la suppression de la deuxième session de l'examen de fin de cycle primaire, la fixation d'ores et déjà de la date de l'examen du baccalauréat, la décision prise de sanctionner désormais l'effort fourni par l'apprenant durant l'année par la valorisation du contrôle continu des connaissances dans l'évaluation des élèves en classe d'examens ou encore l'allégement des cartables ne suffisent pas pour avoir une idée claire sur les engagements de Mme Benghebrit quant à la concrétisation des réformes du système éducatif promises. Mais surtout sur sa capacité à bousculer l'ordre établi compte tenu des résistances et des archaïsmes idéologiques et politiques d'un pouvoir rétif au changement.