La résiliation du contrat a amené SMI à lancer, en avril 2013, une procédure d'arbitrage international et réclamer 90 millions d'euros de dommages-intérêts. Le groupe canadien SM International aurait obtenu le marché de construction du nouveau siège d'Air Algérie après avoir octroyé des privilèges aux cadres de la compagnie nationale, a révélé, le 4 septembre, un témoin dans une affaire de corruption impliquant un entrepreneur et des responsables québécois. Le témoin, Antonio Accurso, a affirmé avoir prêté son yacht le Touch à Bernard Poulin pour accueillir «des gars d'Air Algérie qui vont venir faire un tour (…) en Méditerranée». Et il se trouve que Bernard Poulin est le président fondateur du groupe SM International qui a obtenu, en 2011, le contrat de construction du nouveau siège d'Air Algérie à Bab Ezzouar pour un montant de 83 millions d'euros. Le patron de SM International a dit à Antonio Accurso, propriétaire du bateau, qu'«il va recevoir du monde, des gens d'Air Algérie qui vont venir faire un tour». «A ce moment-là, on soumissionnait pour un contrat en Algérie en partenariat avec M. Poulin, et je crois qu'il a amené quelqu'un d'Air Algérie», a indiqué le témoin, selon le document portant la transcription de l'interrogatoire (P 57) de la commission d'enquête sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction au Québec. M. Accurso n'a pas révélé l'identité du ou des responsables de la compagnie aérienne algérienne qui a/ont profité de ce séjour sur son bateau : «Je ne connais pas la personne, ni sa fonction à Air Algérie, mais il (Poulin, ndlr) l'a emmené en Méditerranée.» Le «cadeau» offert par Bernard Poulin aux responsables d'Air Algérie a porté ses fruits. «On a alors obtenu un contrat, que M. Poulin a repris par la suite. Moi, je ne l'ai pas exécuté, c'est lui qui l'a fait», a ajouté le témoin, poursuivi dans d'autres affaires de corruption. Bernard Poulin dément Contacté par notre correspondant au Canada, Bernard Poulin a démenti avoir reçu quelqu'un d'Air Algérie sur le bateau. «Je n'ai jamais reçu sur le bateau un quelconque responsable d'Air Algérie. Je l'ai utilisé pour ma famille et mes amis», a-t-il déclaré en exclusivité à El Watan. Le marché de construction du nouveau siège d'Air Algérie a pris une autre tournure après que Wahid Bouabdallah a été limogé en juin 2011. Son successeur à la tête de la compagnie, Mohamed Salah Boultif, a décidé de résilier le contrat après un litige relatif au payement des travaux supplémentaires qui ne figurent pas sur les plans du projet, réalisés par le bureau d'études libanais Khatib et Allami. La résiliation du contrat a amené SMI à lancer, en avril 2013, une procédure d'arbitrage international et réclamer 90 millions d'euros de dommages-intérêts. L'affaire est au niveau de la Chambre de commerce international (CCI) à Paris. Cette affaire de corruption est dévoilée à un moment où Air Algérie traverse une zone de turbulences. Les accidents des appareils de la compagnie se succèdent à un rythme alarmant depuis le crash, en juillet dernier au Mali, d'un avion affrété auprès de l'espagnole Swiftair.