Le directeur des services vétérinaires du ministère de l'Agriculture, Karim Boughalem, a annoncé, à Alger, l'ouverture des marchés aux bestiaux à partir de vendredi prochain, en prévision de l'Aïd El Adha, mais uniquement pour les «ovins». La fièvre aphteuse, qui s'est propagée dans 25 wilayas, d'est en ouest, du pays durant le mois de juillet, a laissé des séquelles. Si des éleveurs se plaignent de la baisse du prix de leurs bêtes, il devient évident pour Akli Moussouni, expert en agronomie, qu'il faut revoir toute la philosophie du développement agricole en Algérie. Le ministère de l'Agriculture informe pour sa part que les marchés aux bestiaux seront rouverts uniquement pour les ovins. «Le prix de mes vaches sur le marché a baissé. En moyenne, une de mes bêtes coûte 15 millions de centimes. Avec l'apparition de cette fièvre aphteuse, le prix a chuté jusqu'à 10 millions de centimes», nous confie Rachid, un éleveur de Skikda. Contacté hier, l'expert en agronomie, Akli Moussouni, s'interroge. «Je ne suis pas sûr que le virus soit maîtrisé. Quels sont les critères pour le savoir ? Présentement, nous ne connaissons pas les données pour être affirmatifs», indique-t-il. Pour M. Moussouni, «le fait que l'Algérie reste otage d'une agriculture traditionnelle pose une véritable problématique. Nous avons dans le pays de petites unités d'élevage éparpillées à travers le territoire national. Ce qui n'aide pas à combattre le virus». «Mais avec des méthodes d'élevage moderne, c'est possible, car tout est informatisé», estime-t-il. Notre interlocuteur pense qu' «avec cet épisode de fièvre aphteuse, c'est le moment ou jamais de changer radicalement la vision du secteur». De son côté, le directeur des services vétérinaires du ministère de l'Agriculture, Karim Boughalem, a annoncé, hier à Alger, l'ouverture des marchés aux bestiaux à partir de vendredi prochain, en prévision de l'Aïd El Adha, mais uniquement pour les ovins. «La circulation des bovins reste interdite», a-t-il précisé. Et de poursuivre : «Des mesures strictes ont été prises pour surveiller de près cette opération de réouverture, notamment avec l'affectation de contrôleurs des services vétérinaires aux marchés, en compagnie des agents de la Gendarmerie nationale, qui vérifieront et contrôleront les autorisations de circulation des ovins octroyées par des vétérinaires aux éleveurs ou aux marchands.» M. Boughalem avance que «1088 têtes ont été ensevelies depuis la détection des premiers foyers de fièvre aphteuse dans l'est du pays» et «6000 bovins ont été abattus, et dont la viande a été destinée à la consommation humaine». Selon Akli Moussouni, «scientifiquement parlant, cette viande ne représente pas de danger pour l'homme». Le ministère portera plainte contre X Karim Boughalem informe par ailleurs qu' «une plainte contre X sera déposée pour identifier et poursuivre les responsables de cette épizootie (maladie animale)». Sur un autre plan, le directeur des services vétérinaires explique que «chaque tête bovine perdue est estimée à 300 000 DA. Les éleveurs seront indemnisés à hauteur de 80% par les pouvoirs publics, soit 240 000 DA. Le Fonds national du développement agricole versera les 60 000 DA restants pour chaque nouvel achat de bovin par les éleveurs pour reconstituer leur cheptel». Enfin, M. Boughalem soutient qu'«outre 900 000 doses de vaccin que possédait l'Algérie avant la propagation du virus, un million de doses ont été acquises et distribuées au cours de l'opération». Il ajoute qu'«une nouvelle commande de 2 millions de doses a été lancée par le ministère». Officiellement, l'Algérie compte deux millions de bovins.