Le quartier populaire Les Planteurs, situé sur les hauteurs de la ville d'Oran, a été le théâtre, durant près d'une heure, dans la matinée d'hier, d'intenses échauffourées impliquant plusieurs dizaines de jeunes qui y résident, avons-nous constaté sur place. Les incidents ont éclaté vers 9h30. La démolition des maisons, entamée dès les premières heures hier, dans le cadre du relogement de 790 familles, premier lot prévu dans l'opération de résorption de l'habitat précaire, avait fait office de déclencheur de cette émeute. Les jeunes ont été surexcités par la présence des bulldozers. Les échauffourées ont éclaté dans le quartier dit Hadj Hassane, situé aux Planteurs. Après avoir barricadé le quartier, une centaine de jeunes ont jeté des pierres dans tous les sens en signe de révolte. Une dizaine de personnes ont été légèrement blessées et une vingtaine d'autres ont été interpellées et arrêtées par la police pour « atteinte à l'ordre public » Le quartier fait l'objet d'une vive tension depuis dimanche, jour qui a coïncidé avec le début de l'opération du relogement. Le quartier sera vite encadré par une protection policière. Les CRS sont déployés en renfort sur les lieux. Plusieurs ruelles de ce vieux quartier populeux, qui abrite quelque 12 000 taudis, sont jonchées de cailloux et de débris de verre. Les incidents sont toutefois restés localisés dans les quelques rares ruelles situées dans la partie haute des Planteurs. Des projectiles sont lancés par les jeunes, signe de l'intensité des affrontements. De vieilles femmes, visiblement choquées en voyant le quartier s'embraser, se sont évanouies et ont été évacuées vers l'hôpital. De nombreux feux de poubelles ont également été déclenchés. Les forces de l'ordre, dépêchées pour les éteindre, ont essuyé des tirs au moyen de bouteilles et autres projectiles. Le quartier est alors bouclé, personne ne peut y pénétrer. Ahmed, un membre du comité de quartier, nous fait visiter quelques foyers situés dans des labyrinthes du quartier en fumée. La désolation est à son comble. Nous sommes aussitôt pris d'assaut par des femmes en cris et en pleurs. L'opération de démolition n'est qu'à ses débuts. Seules quatre maisons sont déjà démolies, mais le défilé des camions déménageurs continue de plus belle. Sur les 790 familles à reloger, 740 l'ont déjà été. Il reste donc une cinquantaine de foyers à déménager. « Je n'ai pas où aller », lance désespérément un jeune homme à l'adresse du chef de daïra qui pilotait l'opération. Le recensement du bureau URSA en 2003 continue d'attiser les critiques. « Loger dans des F2 ou dans des F3 des familles élargies, dans lesquelles cohabitent plusieurs ménages, est la plus grande aberration » pour les riverains. Le travail de l'URSA est jugé « approximatif, bâclé et n'ayant pas tenu compte des besoins réels des populations ». D'incessants appels au calme sont lancés par Djamel Benkhaled, membre du comité du quartier Hadj Hassane, qui se dit « contre la violence ». Le quartier renouera avec le calme vers 13 h.