J'aime le malheur que tu me causes» est le titre d'un roman signé Selma Guettaf, qui vient de paraître aux éditions Lazhari Labter. C'est une série de petites histoires d'amour d'une adolescente. La narratrice questionne tout à la fois, le destin d'une passion amoureuse, la quête identitaire d'une gamine en pleine crise d'adolescence et les possibilités d'avenir dans une société conservatrice. Un roman sensible, captivant, qui radiographie magnifiquement les tourments d'une âme paumée, éprise de liberté. Les personnages, tous adolescents ou presque, n'ont qu'une perspective d'avenir réduite. Tous les événements vont bouleverser le cœur de l'héroïne, ses plans et au final sa vie. Fille d'une mère qui ne la comprend que rarement, la narratrice peine à trouver sa place. Elle grandit à l'ombre des superstitions maternelles conservées depuis les ancêtres, dont elle ignore presque tout et fantasme le reste, et du mal-être chronique, source d'une acrimonie dont elle est la première victime. Son quotidien ennuyeux bascule dans l'inconnu. Mais la vie idyllique rêvée par l'adolescente à coups de retrouvailles tant attendues va vite tourner au cauchemar. À l'aune de ces histoires minimalistes, on entraperçoit à quel point l'auteure tient à faire voler en éclats les tabous: l'amour et l'homosexualité. Au cœur de l'été et par-delà le récit tragique d'une histoire d'amour, évidemment vouée à l'échec, se dessine un véritable règlement de compte œdipien. Les désillusions vécues prennent sur le papier la forme d'une vengeance de la jeunesse sur une société qui l'empêche d'être libre de vivre et d'aimer sans subir la litanie des sens interdits. Ecrasant sans complexe le tabou des amours innocents. Le choix de la première personne invite le lecteur à une projection si immersive que jamais un quelconque jugement moral ne vient entraver l'empathie naturelle qu'on ressent. Selma Guettaf, 23 ans, est licenciée en langue française de l'Institut des langues étrangères de l'université d'Oran. Elle prépare actuellement un doctorat à Paris. Elle a déjà exercé comme journaliste collaboratrice dans la presse écrite à Oran. En janvier 2014, elle obtient le 1er Prix d'un concours de nouvelles sur la ville d'Oran, organisé par la Bibliothèque internationale livres, art et culture.