En cette fin de semaine, les habitants de la bourgade balnéaire de Petit Port, dans la commune de Sidi Lakhdar (à 55 km à l'est de Mostaganem), ont assisté à un spectacle singulier. C'est au moment où le soleil entamait sa lente descente crépusculaire que des riverains aperçurent une masse noire flottante qui se rapprochait de la plage. Tous crurent, un long moment, à un de ces gros cétacés que la mer rejette de temps à autre sur les rivages mostaganémois. Mais plus la masse se rapprochait, plus les esprits s'échauffaient et pour de très bonnes raisons. En effet, ni la forme ni la couleur pie-noire de la robe ne ressemblent à aucune espèce marine connue. Une fois sur le sable fin, c'est le spectacle le plus déroutant auquel vont assister les rares témoins. En effet, en lieu et place du cétacé, c'est un cadavre d'une vache qui s'offrira aux regards incrédules. Très vite, les autorités sont alertées et c'est grâce à un engin de la mairie de Sidi Lakhdar que le cadavre sera convoyé vers une fosse septique creusée dans la forêt voisine. Selon des témoignages concordants, le maire et un de ses adjoints auraient été vus sur le site. Passées les premières impressions, les habitants de Sidi Lakhdar se posent la question de l'origine de ce cadavre bien encombrant. Car personne n'a oublié que la région du Dahra a abrité tout récemment plus de deux foyers de fièvre aphteuse bovine, ce qui avait nécessité le déplacement sur les lieux du ministre de l'Agriculture. Pour les spécialistes, ce cadavre est encombrant à plusieurs titres. A l'évidence, la vache ne s'est pas noyée toute seule. Les soupçons se sont portés sur les élevages de la localité mais sans aucune preuve tangible pour le moment. Pourtant, s'il s'avérait que cette vache est porteuse de fièvre aphteuse ou d'une quelconque autre maladie à déclaration obligatoire, elle aurait certainement contaminé ses congénères. D'où la problématique à laquelle seront confrontés les services de médecine vétérinaire pour déterminer le site de provenance de l'animal. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin. C'est pourquoi, en attendant l'identification de l'éleveur, et sans doute sa condamnation, il faudra songer à accentuer la surveillance des élevages et redoubler de vigilance. Vigilance qui s'est très vite relâchée ces derniers jours puisque, de toutes parts, on annonce la réouverture officielle des marchés à bestiaux, comme si le mal avait été réellement écarté. L'échouage de ce cadavre bovin est là pour rappeler aux uns et aux autres leur rôle, celui de lutter contre toute propagation de maladies contagieuses.