Le président de la Commission nationale des viandes rouges, Mohamed Remram, a appelé les commerçants de détail et de gros à éviter les viandes en provenance des autres wilayas et à exiger aussi des distributeurs les certificats de santé des bovins qui doivent être délivrés par les vétérinaires. « La situation est stable et la propagation de la maladie qui a touché les bovins est en cours d'être stoppée. Mais il faut que les commerçants se montrent prudents. Il est préférable qu'ils n'achètent que les viandes qui sont produites dans leur propre wilaya », conseille Remram lors d'une conférence de presse animée hier à Alger. Membre également du Conseil interprofessionnel des viandes rouges, Remram pointe du doigt les éleveurs qui ont une part de responsabilité, selon lui, dans la propagation de la fièvre aphteuse. Certains de ces éleveurs « inconscients » n'ont pas vacciné leurs animaux. « Nos éleveurs ne font pas dans la prévention et ne maîtrisent pas les techniques de l'élevage », constate-t-il. Les pouvoirs publics ne font pas dans la prévention, affirme, pour sa part, le porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), Hadj-Tahar Boulenouar. Le représentant de l'UGCAA déplore que les pouvoirs publics n'agissent que quand l'épidémie se déclenche alors que les programmes de prévention auraient pu l'éviter. « Nous n'avons que deux millions de têtes bovines. C'est déjà insuffisant. Le marché s'en trouve réduit. Quant aux prix, s'ils sont très bas en ce moment à cause de la fièvre aphteuse, ils monteront en flèche dans trois mois », prévient-il. Obligés de « liquider » leurs bovins malades, les éleveurs les cèdent à des prix très bas, jusqu'à 400 DA le kilo. « Les bovins malades sont vendus aux particuliers dans les abattoirs supervisés par des vétérinaires. Les viandes infectées sont brûlées tandis que les parties saines sont commercialisées », explique le président de la Commission nationale des viandes rouges. Toutefois, si les éleveurs vendent à perte, ils bénéficient néanmoins d'une indemnisation. Pour chaque vache vendue, les éleveurs reçoivent 80% du prix réel et non du prix bas. Toutefois, la baisse des prix ne sera que conjoncturelle, car de l'avis de l'UGCAA, l'abattage de masse des bovins va provoquer dans trois mois un manque de viandes. « Ces vaches étaient destinées à l'alimentation du marché dans trois mois. La demande sera donc au cours de cette période supérieure à l'offre et entraînera par conséquent, une hausse des prix, y compris de la viande ovine », prédit Boulenouar. En outre, si la fièvre aphteuse touche les vaches laitières, cela conduira aussi à un déficit en matière de lait produit localement, selon lui. « Ce qui poussera les autorités à importer plus de lait. Nous sommes contre une éventuelle importation, car cela découragera les éleveurs et les producteurs de lait », fait-il savoir.