Sétif est sortie de la torpeur du pays profond. le temps d'un gala artistique d'un autre genre et d'une autre dimension, la séculaire s'est, par enchantement, mise au son et au rythme de la chanson orientale jeudi. étaient au présentes 4000 à 5000 personnes... L'esplanade Rachid Hadjab, faisant office d'un théâtre de verdure, contenait difficilement la foule à dominante familiale. Les présents, ayant fait le déplacement des quatre coins des hautes-plaines et des wilayas limitrophes, ont, deux heures durant, savouré le son, le ton et la belle mélodie de la diva libanaise, vêtue d'une sublime robe vert bouteille. Avant de laisser la voie libre à Najwa qui a, le moins qu'on puisse dire, enflammé Aïn El Fouara, la troupe l'accompagnant entonne bahibak ya loubnan, l'autre hymne du pays du cèdre faisant face à l'hystérie et à la sauvagerie israélienne. En ayant un œil sur les drapeaux algérien et libanais qui flottaient côte-à-côte, la diva gratifia la foule d'une sortie de premier ordre. Celle-ci, qui en redemandait, chantait en même temps que Najwa dont les tubes khayarouni, asmarani, rouh rouhi, et bien d'autres étaient connus par une assistance aux anges. La bonne organisation, soutenue par un service d'ordre veillant aux grains, a donné d'autres couleurs à cette mémorable soirée qui a tant marqué les familles sétifiennes qui renouent, ainsi, avec les sorties nocturnes : « cette soirée me rappelle le bon vieux temps, les années 1970, durant lesquelles la famille sétifienne, accompagnée ou non, fréquentait les salles de cinéma qui ont, hélas, mis les clés sous le paillassons », dira une dame d'un certain âge. Envoûtée par la prestation de la chanteuse, qui a refusé tout entretien et d'être filmée car son cœur battait pour sa patrie meurtrie, la vieille dame enchaîne : « c'est par la multiplication d'activités artistiques de ce type que les mentalités évoluent et les tabous se brisent. C'est pas beau de voir, pour une fois, les familles prendre le dessus ? » A noter que la soirée a été rehaussée par la présence des autorités locales et à leur tête le wali qui s'est, nous dit-on, engagé à faire de Sétif, l'étape des grandes vedettes arabes. La sublime artiste, qui a égayé le week-end de l'insatiable public sétifien, n'a pu quitter aussi facilement la scène d'autant que le public qu'elle vient de découvrir pour la première fois l'acclamait par un tonnerre d'applaudissements et de youyous. En prenant congé de ce théâtre à ciel ouvert, et à une heure tardive, les fêtards étaient tout simplement heureux. Ils ont promis de mettre, du 9 au 18 août, le cap sur Djemila (ex-cuicul) qui se prépare à accueillir la 2e édition de son festival international qui gagne, au fil du temps, des galons. Les dix soirées seront, nous dit-on, animées par cinq têtes d'affiche algériennes et autant étrangères. l'on apprend que les 52 km séparant l'antique sitifis à l'ex-cuicul seront « ornés » par les panneaux des sponsors de la manifestation qui réserve de belles surprises au public, avide de moments de défoulement et d'enchantement.