Le groupe de travail de la tripartite (gouvernement-UGTA-patronat) se réunira aujourd'hui. Au menu figure, entre autres, l'abrogation de l'article 87 bis du code de travail. Cet article, promulgué en 1990 et modifié en 1997 autour duquel les organisations professionnelles mènent de grandes batailles, stipule que le Salaire national minimum garanti (SNMG) englobe le salaire de base, les indemnités et primes de toutes natures, à l'exception des indemnités versées au titre du remboursement de frais engagés par les travailleurs. Ce qui constituait un handicap ayant conduit essentiellement à des salaires qui se ressemblent. L'annulation de cet article permet une redéfinition du SNMG et une autre vision du calcul du salaire de base, des primes et indemnités accordées aux travailleurs. Amar Takdjout, responsable de la Fédération textiles et cuir de l'UGTA, précise que parmi les facteurs pénalisant les salariés figure l'article 87 bis du code du travail sur lequel se penchera aujourd'hui la tripartite. Cette dernière, pense M. Takdjout, va étudier l'impact global de cette abrogation sur les entreprises et le Trésor public et tentera aussi de trouver une formulation pour la traduction de la nouvelle disposition sur le terrain. «Concrètement, l'article 87 bis pose un problème technique qui fausse toute l'architecture des salaires, comme il pose la problématique de la qualification et la valeur du travail. Il s'agit aujourd'hui de définir le salaire de base auquel viendront se greffer toutes les primes et indemnités. Il est évident que cette révision entraînera des coûts considérables pour le Trésor public qui se chiffreront en milliards», indique M. Takdjout. Mais est-ce que toutes les entreprises seront concernées par les augmentations de salaires induites par l'abrogation de cet article ? A cette question, M. Takdjout, répond que techniquement tout le monde sera concerné par cette augmentation, car toute la pyramide salariale sera touchée. Se voulant plus explicite M. Takdjout illustre ses propos par un exemple. Il dira que les entreprises dont les salariés touchent un salaire de plus de 18 000 DA ne seront pas concernées par les augmentations alors que celles qui attribuent des salaires de moins de 18 000 DA seront dans l'obligation d'augmenter tous les travailleurs. «Si dans une entreprise quelconque, les femmes de ménage touchent moins de 18 000 DA, l'employeur sera dans l'obligation d'augmenter le salaire de l'ensemble du personnel. Dans le cas contraire, le salaire de la femme de ménage sera le même que celui du chauffeur… Il s'agit de mettre de l'ordre et de respecter la pyramide salariale», note notre interlocuteur. De son côté, Meriane Meziane, responsable d'un syndicat autonome, n'a pas caché son inquiétude quant à l'impact financier qu'engendrera cette abrogation. «Est-ce que l'économie algérienne est capable de supporter une telle dépense ?» s'est interrogé M. Meriane. «C'est bien beau d'applaudir cette mesure, mais est-ce que le gouvernement a préparé le terrain pour y faire face. La suppression de cet article a été fortement revendiqué par les syndicats autonomes. Aujourd'hui ces derniers craignent que ces augmentions ne soient absorbées par l'inflation et donc c'est le retour à la case de départ», note M. Meriane.