Un nouveau pacte d'actionnaires en octobreLes deux mines de Boukhadra et Ouenza (Tébessa) sont en passe de revenir officiellement dans le giron de l'Etat : en application de l'accord stratégique liant depuis octobre 2013 l'Etat algérien et l'indien ArcelorMittal. La signature du nouveau pacte d'actionnaires concernant ArcelorMittal Tébessa devrait, en effet, intervenir d'ici à fin octobre prochain, a-t-on appris auprès de la direction générale du groupe public de fer et des phosphates Ferphos Group. Et, comme convenu, l'aciériste indien va céder au groupe public Sider 21% de ses parts dans le capital d'ArcelorMittal Tébessa (mines), lesquelles passeront de 70% actuellement à 49%. La partie algérienne, elle aura 51%. Ferphos Group conservera, ainsi, ses 30% de parts, le solde de 21% tombant aux mains du groupe public Sider. Les négociations devant définir, de manière définitive, les contours de cette nouvelle configuration de la structure d'actionnariat, se poursuivent toujours, précise la même source. Ces pourparlers portent notamment sur la gouvernance (qui des deux parties, algérienne ou indienne, devrait siéger à la tête du conseil d'administration, assurer le poste de DG, de DFC…). Sont également objet de houleuses négociations les nouveaux prix de cession du minerai devant être appliqués au complexe sidérurgique d'El Hadjar, qui aujourd'hui est sous le contrôle du Groupe Sider/Fonds national de l'investissement à hauteur de 51% et de ArcelorMittal à 49%. La révision des prix se serait-elle donc avérée irréversible ? Considérant les business plans arrêtés dans le cadre du plan 2014-2017, la production des deux immenses gisements ferrifères de Tébessa est appelée à augmenter de manière significative pour pouvoir répondre aux besoins de l'usine d'El Hadjar. Car ce plan d'investissement de 763 millions de dollars, scellé voilà presque une année et qui sera financé par des apports en capitaux des actionnaires et bancaires, a pour finalité de porter la production du complexe d'El Hadjar, de 1 à 2,2 millions de tonnes d'acier d'ici 2017. D'où l'augmentation attendue, en parallèle, du double des capacités de production actuelles des deux mines : de 2 millions de tonnes (MT), elles devraient monter à 4,4 MT à l'horizon 2017, rétorquera le DG de Ferphos. S'agissant du différend algéro-algérien, qui opposerait actuellement ce dernier au groupe Sider, autour justement de ces nouveaux prix du minerai, notre source, qui a, à demi-mot, reconnu son existence, a toutefois, précisé : «Nous sommes en pleine négociation sur de nouveaux prix de vente qui seraient à même de permettre aux deux mines de se développer et de couvrir les charges se rapportant, en particulier, au fret, et ce, en attendant la remise en état de la ligne ferroviaire reliant l'usine d'El Hadjar aux sites miniers de l'Ouenza et de Boukhadra, prévue dans le plan de développement industriel 2014-2017.» Le but recherché par tout un chacun à travers ce plan étant, tient à souligner la même source, de garantir un environnement favorable pour permettre d'accroître la part d'acier produit dans le pays afin de mieux répondre à une demande intérieure qui ne cesse d'évoluer (un bond de 6% par an en moyenne). La règle de préférence nationale semble, ainsi, résolument adoptée, relève, pour sa part, Smaïn Kouadria, l'ex-patron du syndicat d'ArcelorMittal Algérie, eu égard à la forte crue des dépenses annuelles englouties dans les achats à l'international des produits sidérurgiques dont surtout le rond à béton. 10 Millards de dollars d'importatons D'autant qu'en termes relatifs, la suppression des droits de douanes sur les aciers dès 2009 dans le cadre du démantèlement tarifaire prévu par l'accord d'association avec l'UE aidant, la rente pétrolière est annuellement amputée de l'équivalent de 10 milliards de dollars, soit environ 80% des besoins nationaux, notera-t-il. S'élevant actuellement à plus de 3,5 millions de tonnes, ces besoins sont appelés à augmenter pour atteindre 5 MT à l'échéance de 2015, puis à 15 MT à partir de 2020, vu la mise en chantier, un peu partout dans le pays, de grands projets d'infrastructures, assure le député du Parti des travailleurs, membre de la commission parlementaire des affaires économiques, du développement, de l'industrie et du commerce. C'est pourquoi, redresser la productivité de l'usine de Annaba et optimiser celle des deux mines de Tébessa aux fins d'assurer leur avenir sur le long terme est un challenge que le groupe indien et ses partenaires algériens entendent relever. Car, actuellement, l'usine d'El Hadjar peine à se tailler une place sur le marché national, les 20% de parts de marché ne sont plus d'actualité : 200 000 t à fin août 2014. «Si, durant les premières années après son rachat en 2001 par les Indiens, la production d'El Hadjar avait quelque peu augmenté, elle est retombée cependant à des niveaux très bas dès 2007. Aujourd'hui, la filiale Algérie d'ArcelorMittal a le taux de productivité le plus faible de toutes les filiales du groupe indien», déplore Smaïn Kouadria. Et ce, ajoute-t-il, «en dépit des facilités et avantages dont il a pu bénéficier en Algérie telles que les exonérations fiscales, la concession concernant le port de Annaba qui court jusqu'à 2017, la concession relative aux titres miniers de Boukhadra et Ouenza qui ont valeur d'actifs (jusqu'en 2019) en plus, bien sûr, des crédits revolving ; lignes de crédit à court terme renouvelées en permanence et utilisées aux fins de répondre aux besoins en fonds de roulement».