C'est dans l'indifférence générale et via sa page facebook que l'ex-président français a annoncé sa candidature à la présidence de l'UMP. Paris (France) De notre correspondant Ça y est, c'est fait. Nicolas Sarkozy a annoncé son «come-back». Il a quitté la politique en mai 2012 après sa défaite face à François Hollande. A certains égards, c'est un retour contrarié dans son timing et dans sa mise en scène. Son adversaire, Alain Juppé, lui a grillé la politesse. Il a annoncé sa candidature à la présidence de l'Union pour la majorité populaire (UMP) bien avant lui. Du coup, l'homme «nouveau», visé par plusieurs enquêtes judiciaires, notamment celle relative au financement occulte de sa campagne présidentielle de 2007, n'avait d'autre choix que de suivre le mouvement. Hier, son deuxième rival, Bruno Le Maire a réagi à l'annonce du retour de Sarkozy, estimant que le débat a désormais commencé et que chacun se doit donc d'expliquer son projet aux militants de droite. Pour sa part, François Fillon, qui fut durant cinq ans le Premier ministre de Sarkozy, aurait menacé de quitter l'UMP, si l'ex-président français venait à en prendre le contrôle. Une menace qui inaugure une relation tumultueuse entre les deux hommes qui ne se supportent déjà plus. Par ailleurs, voulant faire de son retour un coup médiatique, Nicolas Sarkozy n'a finalement pas réussi à escamoter l'actualité politique internationale, notamment les premières frappes aériennes de l'armée française contre les djihadistes de Daech, ni la conférence de Hollande largement commentée par la presse. C'est donc dans une indifférence générale et via sa page facebook que l'ex-président français a annoncé sa candidature à la présidence de l'UMP. Dans son message, que ses amis ont relayé sur Twitter, Sarkozy a invité sa famille politique à former un vaste rassemblement et à laisser de côté les divisions. «Je proposerai de créer dans un délai de trois mois les conditions d'un nouveau et vaste rassemblement qui s'adressera à tous les Français», a-t-il écrit. Il s'agirait vraisemblablement d'un nouveau parti politique qui remplacera l'UMP, devenue une coquille vide et croulant, de surcroît, sous le poids de près de 70 millions d'euros de dettes. Peut-on faire du neuf avec du vieux ? Après avoir fracturé la société française durant son quinquennat, Sarkozy a désormais comme projet de l'apaiser et de susciter l'intérêt passionné de tous. «J'ai pu prendre le recul indispensable pour analyser le déroulement de mon mandat, en tirer les leçons, revenir sur notre histoire commune», écrit-il. Et d'ajouter : «J'ai pu mesurer la vanité de certains sentiments, écarter tout esprit de revanche ou d'affrontement.» S'adressant à ses amis politiques, il leur a demandé de tourner la page des divisions et des rancunes afin que chacun puisse s'inscrire dans un projet collectif. L'homme qui a fêté sa victoire à la présidentielle de 2007 dans un grand restaurant parisien, Le Fouquet's, tente de faire profil bas et prend soin de se positionner au centre. Fini donc les discours extrémistes, les œillades à l'extrême droite, Sarkozy veut construire un grand rassemblement allant de la droite républicaine jusqu'au centre. Le seul positionnement, selon lui, qui peut le mener à l'Elysée en 2017, puisque l'extrême droite est désormais bien occupée par Marine Le Pen dont les sondages la donnent au deuxième tour de l'élection de 2017. La date limite pour se porter candidat aux élections internes de l'UMP est fixée pour le 30 septembre. D'ici là, Sarkozy va mettre en place une direction de campagne qui sera présidée par Nathalie Kosciusko Morizet. Il devrait sillonner la France pour convaincre les citoyens qu'il est le meilleur candidat pouvant porter la droite à l'Elysée en 2017. Or, tous les sondages réalisés à ce jour montrent que la majorité des Français ne sont pas favorables à un deuxième mandat de Sarkozy. Exception faite des militants de l'UMP qui soutiennent Sarkozy à plus de 70%. A gauche, il n'y a pas eu vraiment de réactions. «On savait que Sarkozy allait revenir depuis longtemps», a déclaré un député socialiste qui qualifie ce retour de «non-événement». Mais c'est au sein de la famille de l'UMP que le sang risque de couler. Déçu de l'accueil réservé à son annonce, Sarkozy aurait déjà chargé ses lieutenants de convaincre les souteneurs de ses prétendants à le rejoindre. C'est dire que l'image du grand rassembleur qu'il veut incarner n'est qu'une posture. Les Français se demandent si on peut vraiment faire du neuf avec de l'ancien.