L'enlèvement de Hervé Gourdel, un Français venu faire du trekking en Kabylie, survenu dimanche, remet la question des rapts à l'ordre du jour, rappelant l'insécurité régnant dans cette région où onze militaires algériens avaient été tués dans une attaque au mois d'avril 2014. L'enlèvement a été revendiqué par le groupe terroriste «Djound al khilafa», lié à l'organisation de l'Etat islamique (EI), Daech, dans une vidéo diffusée sur le net, et menaçait d'exécuter l'otage d'ici la fin de la journée d'hier si la France ne cessait pas ses frappes en Irak. Le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, dans un communiqué, confirme cette information et précise que les recherches sont «toujours en cours». «Des individus ont intercepté hier (avant-hier, ndlr) à 21h à hauteur du village Ait Ouabane, commune d'Akbil (wilaya de Tizi Ouzou), un véhicule avec à son bord un groupe d'Algériens accompagnés du ressortissant français Gourdel Hervé Pierre», a précisé la même source. Le communiqué a souligné que l'otage, ressortissant français, âgé de 55 ans, et guide alpiniste, «est invité et hébergé depuis son arrivée à l'aéroport international d'Alger, le 20 septembre 2014, dans un chalet proche du complexe de Tikjda (Bouira)». «Les assaillants, après avoir libéré ses compagnons algériens et abandonné le véhicule sur les lieux, ont gardé le ressortissant français et pris la fuite vers une direction inconnue», poursuit la même source, qui a affirmé que les recherches aussitôt engagées par les services de sécurité «sont toujours en cours à l'heure actuelle». Les maquis de Kabylie passés au crible Des éléments de l'ANP, dont des parachutistes, participeraient aux recherches pour retrouver le touriste français enlevé dimanche soir à Aït Ouabane sur les hauteurs de Tizi Ouzou. «Deux unités du secteur opérationnel de Bouira et trois unités de Tizi Ouzou sont déployées sur le terrain. Parmi les soldats mobilisés, des parachutistes. Il y a au moins 1500 soldats sur le terrain», a rapporté hier le site électronique TSA, citant une source sécuritaire. Les opérations déclenchées lundi seraient «supervisées sur place par les chefs de secteurs opérationnels de l'armée à Bouira et Tizi Ouzou», précise le site. Paris refuse de négocier avec les terroristes Hier, le Premier ministre français, Manuel Valls, a dénoncé cet enlèvement en déclarant depuis Berlin où il est en visite officielle : «C'est toute la perfidie du terrorisme que d'avoir recours au chantage, à la mort, de menacer.» La veille, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, affirmait que «la situation est très préoccupante, parce qu'on a confirmation que la vidéo est authentique et que c'est un de nos compatriotes». La fermeté du gouvernement français est réitérée. Manuel Valls dira à ce propos : «Si on cède, si on recule d'un pouce, on lui donne cette victoire.» Conséquence de cet enlèvement, la Direction générale de la sécurité intérieure française (DGSI) a ouvert une enquête hier pour enlèvement et séquestration en lien avec une entreprise terroriste, est-il précisé. La région de Tizi Ouzou où l'enlèvement a eu lieu est classée orange par le Quai d'Orsay. Sellal s'entretient avec Hollande Lundi soir, quelques heures après l'annonce de l'enlèvement, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a eu un entretien avec le chef de l'Etat français, a rapporté le service de presse de la présidence de la République française. L'Elysée a précisé que «la coopération est totale entre la France et l'Algérie à tous les niveaux pour tenter de retrouver et de faire libérer notre compatriote. Nos services sont en contact permanent et les autorités algériennes agissent avec notre plein soutien». Hervé Gourdel, 55 ans, a été enlevé dimanche à Ait Oubane alors qu'il participait avec des amis algériens à une randonnée. Dans la vidéo mise en ligne, un des ravisseurs de Hervé Gourdel, s'exprimant en arabe, lit un message dans lequel il exige du président français de «cesser son agression contre l'Etat islamique dans les 24 heures sinon l'otage Hervé Gourdel sera égorgé». S'ensuivra une séquence où l'otage français s'adresse au président Hollande : «Monsieur le président Hollande, je suis Hervé Gourdel, né à Nice, en France, le 12 septembre 1959, de nationalité française. Je suis guide de haute montagne. Je suis arrivé en Algérie le 20 septembre 2014 (samedi) et je suis depuis hier aux mains d'un groupe armé commandé par Djound al khilafa (…). Ce groupe armé me demande de vous faire la demande de ne pas intervenir en Irak. Il me retient en otage. Je vous conjure, Monsieur le Président, de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour me sortir de ce mauvais pas. Je vous en remercie.»