Lorsqu'elle a proclamé la naissance de l'Etat islamique en Irak, le 29 juin 2014, l'organisation terroriste Daech ne faisait qu'entériner ce qu'elle avait commencé en 2006, à travers la fusion de cinq groupes d'Al Qaîda, activant en Irak, avec une trentaine de tribus sunnites de la région d'Al Anbar, située à l'ouest de l'Irak, mais aussi sur toute la bande frontalière avec la Syrie et la Turquie, pour créer le conseil consultatif des moudjahidine (en Irak), qui, lui-même, va proclamer pour la première fois, l'Etat islamique en Irak (EI). Le groupe adopte la stratégie de la terre brûlée, avance sur les terres irakiennes en ne laissant derrière lui que des cadavres et de la dévastation, sans pour autant susciter l'inquiétude de l'Occident. Six ans plus tard, EI rallie à ses troupes des branches d'Al Qaîda et étend son hégémonie jusqu'en Syrie où la rébellion islamiste bat son plein. Au mois d'avril 2013, EI devient «Dawla islamiya fil Irak oua Al Sham», c'est-à-dire «Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL)», plus connu sous le nom de Daech et dont le chef, qui se déclare successeur du Prophète, porte comme pseudonyme Abou Bakr Al Baghdadi Al Husseini Al Quraichi, et se fait appeler Ibrahim. Profitant de la défection de l'armée irakienne et du chaos qui règne en Syrie, il arrive en temps record à conquérir des villes entières. Avec une barbarie inouïe, ses troupes tuent les chiites, lapident les femmes, détruisent les mosquées, les églises et les mausolées et obligent les chrétiens à se convertir à l'islam ou à payer la djizia (impôt) sous peine d'exécution. En bref, le monde découvre un nouveau monstre qui ne cesse de prendre de l'ampleur. L'inquiétude s'installe au sein d'Al Qaîda, qui refuse que le Front Al Nosra, soit phagocyté par l'EI. Dans un communiqué publié en juin 2013, Aymane Zaouahiri demande à Daech de renoncer à la Syrie sous peine de représailles. Les deux groupes n'ont plus les mêmes objectifs. Pour Daech, la guerre doit être menée contre les chiites et les Iraniens, alors que pour Al Qaîda, elle doit être dirigée contre les Américains, les Israéliens et les Occidentaux. Sur le terrain, les victimes sont principalement des musulmans notamment chiites. En Syrie, le Front Al Nosra perd des dizaines d'hommes, tués par les membres de Daech, Puissamment armé et bien encadré par des troupes aguerries et visiblement entraînées, auxquelles se sont joints des contingents d'au moins 10 000 djihadistes venus d'une cinquantaine de pays d'Europe, d'Asie, d'Afrique et des monarchies du Golfe, financièrement, Daech devient une organisation des riches grâce à la générosité des pays du Golfe, de la Turquie, de certains Etats occidentaux, mais aussi aux puits de pétrole qu'elle contrôle en Syrie, le trafic d'armes et de carburant et les impôts qu'elle lève dans les zones sous sa responsabilité. De nombreux groupes djihadistes à travers le monde, comme en Tunisie, Libye et Algérie, lui ont fait allégeance sans pour autant la rallier. Aujourd'hui, aussi bien sa puissance que son hégémonie sur une région riche en pétrole suscitent des interrogations. Certains la voient comme une création américaine pour justifier une intervention en Syrie, étant donné que celle-ci (intervention) ne peut être validée par l'ONU en raison du veto russe, faire tomber Bachar Al Assad et secouer le régime iranien. D'autres par contre, pensent que Daech a été enfanté par les monarchies du Golfe dans le but de l'utiliser contre l'ennemi commun, qu'est l'Iran. Mais, quels que soient ses parrains, Daech et sa stratégie de terreur rappellent le sinistre GIA (Groupe islamiste armé) en Algérie, cette organisation sanguinaire qui a endeuillé le pays durant toute une décennie et, étrangement, avec l'aide des mêmes monarchies du Golfe…