En choisissant Rome pour tenir une rencontre sur la gestion de l'attaque israélienne contre le Liban, l'administration Bush s'entoure du maximum de garanties diplomatiques et évite à son allié, laissé libre d'exterminer des civils innocents au Liban, de perdre la face et de faire l'objet de pressions, d'une part, et se présente au monde comme un arbitre « neutre », d'autre part, car si les USA et la Grande-Bretagne seront de la partie, la présence de la Russie, de la France (pays connus pour leur politique pro-libanaise), de l'ONU et de l'Union européenne devraient servir de catalyseurs pour ne pas voir la rencontre se conclure par un échec, auquel cas la responsabilité ne sera pas imputée à l'émissaire des USA, Condoleezza Rice, de retour d'une tournée au Moyen-Orient, ni à son homologue israélien, s'il daigne assister à la rencontre. La participation arabe a été limitée aux chefs de la diplomatie libanaise, égyptienne, jordanienne et saoudienne. L'Arabie Saoudite s'est particulièrement distinguée ces derniers jours par des rencontres plus ou moins secrètes avec les responsables français. L'Iran et la Syrie, invités indésirables, ne figurent pas sur la liste des participants. Néanmoins, leurs positions seront à l'ordre du jour, plus que jamais, car l'autre mission que l'administration Bush voudrait voir accomplie par l'Italie est celle qui consiste à aborder le thème délicat du désarmement des milices de Hezbollah avec Téhéran et Damas. Si officiellement, le président du Conseil italien a démenti ce que la presse de son pays affirme depuis le sommet du G8 (les huit pays les plus industrialisés), c'est-à-dire que Romano Prodi a eu des conversations téléphoniques avec les dirigeants iraniens et syriens dont le contenu avait trait à ce sujet, Bush voudrait bien se consoler de la perte de son allié inconditionnel Silvio Berlusconi, en voyant Prodi lui extraire cette épine du flanc. Par ailleurs, la récente visite de Saâd El Hariri, chef de la majorité parlementaire libanaise, leader du parti Courant du futur et fils de l'ancien chef du gouvernement assassiné en février 2005, à Rome et à Paris se voulait une occasion de sonder la position du gouvernement de Beyrouth et jusqu'où il pouvait renoncer à sa souveraineté pour voir les raids israéliens sur ses terres cesser. Quant à la participation de l'ONU au sommet de Rome, elle semble plus embarrassante que rassurante, tant l'inertie internationale se poursuit au nez et à la barbe du droit international.