Ce sont eux qui étaient à l'origine du fiasco des deux dernières réunions du conseil de sécurité. Un large fossé divise l'Union européenne et les Etats-Unis pour parvenir à un cessez-le-feu au Proche-Orient. Après l'échec, sur instigation américaine, de la conférence de Rome, le président français Jacques Chirac a souhaité, hier, l'adoption «au plus vite» d'une résolution de l'ONU marquant l'engagement de la communauté internationale pour un cessez-le-feu immédiat au Liban, selon un communiqué de la présidence française. Un appel qui, encore une fois, ne sera pas entendu par l'administration Bush qui continue de jouer la carte du pourrissement au Proche-Orient. Devant la catastrophe humanitaire-plus de 600 civils tués et près d'un million de déplacés- les Etats-Unis usent de tous les moyens pour faire durer le conflit et permettre à son allié d'anéantir le Hezbollah, même si sur le terrain, la mission de l'armée israélienne est loin d'être une sinécure. Pour sa part, la presse internationale a été unanime à fustiger l'impuissance diplomatique de la conférence de Rome, à enrayer l'escalade de la violence au Liban. Les journaux estiment, à juste titre, qu'Israël allait poursuivre son offensive avec la bénédiction des Etats-Unis. Tel est le cas depuis le début du conflit, puisque Washington porte l'entière responsabilité de l'échec de l'arrêt des hostilités. Les Etats-Unis ont, non seulement, opposé leur veto, au sein du conseil de sécurité, mais continuent de soutenir l'Etat hébreu sur le plan militaire et financier. C'est, aussi, le gouvernement américain qui a tout fait pour faire avorter toute issue à la crise, aussi bien lors de la rencontre du G8 que lors de la dernière réunion du conseil de sécurité et vient, une fois de plus, peser de tout son poids sur le cours de la conférence de Rome. A Beyrouth, As-Safir accuse carrément les Etats-Unis d'avoir «assassiné» la conférence. Le Daily Star, anglophone, titre «Feu vert pour le meurtre» et affirme que «la crédibilité des Etats-Unis sera une des victimes de la guerre menée par Israël», écrit-il. Pour le tabloïd britannique Le Daily telegraph, «toutes les raisons qu'avaient encore les Arabes de faire confiance en Washington sont parties en fumée». Comme il accuse les Etats-Unis de mépriser la communauté internationale et creuser le fossé avec le monde arabe. Pour le français Libération, la conférence de Rome vient de donner le feu vert à la poursuite des massacres au Liban. Même si après les déclarations du chef du gouvernement israélien, estimant que l'échec de la conférence de Rome donne à l'armée israélienne un sursis pour achever son offensive contre le Hezbollah, l'Union européenne rétorque que l'analyse du gouvernement israélien avait mal interprété le cours qu'il avait de la conférence. Le Figaro souligne que le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy a «rudement bataillé» avec son homologue américaine Condoleezza Rice. Des efforts qui se sont avérés vains puisque «la conférence de Rome a laissé les mains libres à Israël pour poursuivre l'opération anti-Hezbollah», ajoute Libération. Avant de poursuivre que «l'échec de la conférence de Rome, à laquelle Israël n'avait pas été convié, laisse à ce dernier les coudées un peu plus franches». Côté Italien, La Republica titre: «Veto de Rice, la trêve renvoyée», alors que la Stampa note aussi «les véritables patrons de la guerre, que sont Israël, la Syrie et l'Iran, étaient absents à Rome», qui explique en partie l'échec des diplomates. Des analyses qui convergent sur une même conclusion, que les Etats-Unis ont assassiné la paix, en entravant toute initiative allant dans le sens de l'arrêt de la guerre. D'ailleurs, c'est les Etats-Unis qui étaient à l'origine du fiasco des deux dernières réunions du conseil de sécurité: la première devant ordonner un cessez-le-feu et la seconde sur les sanctions contre l'Etat hébreu après l'assassinat des soldats de l'ONU. Il convient de rappeler que l'opposition des Etats-Unis a empêché jusqu'à présent le Conseil de sécurité d'exiger un cessez-le-feu, en s'opposant au plan du secrétaire général de sortie de crise. Auparavant, lors du sommet du G8, le président George W.Bush a affiché la couleur en affirmant qu'«Israël avait le droit de se défendre» et menacé implicitement la Syrie qui «devra rendre des comptes». C'est mu par cette position apparemment immuable, que la Maison-Blanche continue de sous-traiter le terrorisme d'Etat d'Israël.