L'option d'un dialogue politique inclusif défendue par l'Algérie n'est plus une démarche ringarde aux yeux de l'Occident, notamment les Etats-Unis. Le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, a été le guest star de la 69e session ordinaire de l'Assemblée générale de l'ONU. Ses plaidoiries en faveur d'une solution politique au conflit libyen ont trouvé des oreilles très attentives. C'était le sujet phare de ce rendez-vous annuel des Nations unies que M. Lamamra a défendu face à ses nombreux interlocuteurs, dont les représentants des grandes puissances qui font la pluie et le beau temps au Conseil de la sécurité. A l'arrivée, le ministre algérien des Affaires étrangères (MAE) a bien réussi son lobbying, puisque plusieurs rencontres avaient été tenues en marge de l'AG de l'ONU sur la conduite à tenir en Libye. A commencer par la réunion ministérielle des pays voisins de la Libye (Egypte, Tunisie, Algérie) durant laquelle M. Lamamra a fait une «évaluation d'étape» du travail accompli depuis la mise en place de ce groupe en mai dernier à l'initiative de l'Algérie, en marge de la Conférence du mouvement des pays non alignés. L'occasion pour le MAE de réitérer le rejet de toute intervention militaire et de faire le point sur les préparatifs pour le lancement d'un dialogue entre les protagonistes libyens que l'Algérie s'est proposée d'accueillir. L'entregent de Lamamra Les participants ont souligné la nécessité de «moduler les initiatives et leur assurer l'efficacité requise», vu la «complexité de la réalité du terrain et les rapports de force entre les parties en présence». M. Lamamra reconnaît, devant une autre réunion de haut niveau, tenue à l'initiative du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, que la Libye traverse une phase difficile de son histoire, mais il ne s'agit pas, d'après lui, «d'un Etat en faillite». «Il s'agit d'un pays qui connaît des difficultés et qui est suffisamment doté en sagesse, en compétences et en ressources pour les surmonter», a-t-il nuancé. M. Lamamra pense ainsi que «les conditions sont effectivement réunies pour l'ouverture d'un chapitre nouveau dans l'histoire tourmentée de la Libye». Pour ce faire, il informe ses interlocuteurs qu'une délégation représentant les différentes factions libyennes arrivera prochainement en Algérie pour un premier contact. Cette intense activité diplomatique de M. Lamamra en faveur d'un dialogue inclusif a été couronnée par le soutien solennel des Etats-Unis. La secrétaire d'Etat adjointe, chargée du Moyen-Orient, Anne W. Patterson, a en effet apporté un appui aux efforts déployés par l'Algérie et promis de les accompagner dans sa quête d'une solution à la crise libyenne en coordination avec les pays du voisinage et l'envoyé des Nations unies pour la Libye, Leon Bernardino. L'exemple malien Aussi, l'initiative algérienne et des voisins de la Libye a été saluée lors d'une réunion restreinte tenue au département d'Etat américain, regroupant les Etats-Unis, l'Algérie, l'Egypte, le Qatar, la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Arabie Saoudite, l'Espagne, la Tunisie, la Turquie, les Emirats arabes unis, le Royaume-Uni ainsi que de l'Union européenne et l'ONU. Tous ces pays ont exprimé leur soutien à l'initiative d'inviter, «dans les meilleurs délais possibles, les leaders libyens et les représentants des différentes forces politiques à participer à un dialogue devant aboutir à une réconciliation nationale dans ce pays». Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait, de son côté, convoqué une réunion de haut niveau à laquelle avaient participé une trentaine de pays, consacrée à l'examen de la situation en Libye.Là aussi le mot d'ordre était de réunir les conditions de succès d'un dialogue inclusif interlibyen. L'Union européenne (UE) s'est également réjouie de l'initiative algérienne et a fait part de sa disponibilité à y participer, a affirmé le porte-parole de la Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, Michael Mann. Et avec le soutien sans réserve exprimé par le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine, l'Algérie et ses partenaires parmi les voisins de la Libye auront réussi une mission qui paraissait impossible en attendant d'entrer dans le vif du sujet. Le plus dur reste tout de même à faire dans un pays doté de deux gouvernements et deux parlements qui se disputent la légitimité politique sur fond de combats rageurs entre milices.