C'est l'année de notre confrère, l'auteur Kamel Daoud l Quelques jours après avoir reçu le prix. François-Mauriac, décerné par l'Académie française, il vient d'être l'heureux récipiendaire de la 13e édition du Prix des cinq continents de la francophonie pour son roman Meursault, contre-enquête. Le jury du Prix des cinq continents de la francophonie, réuni le 26 septembre au siège de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) à Paris, a désigné Kamel Daoud comme récipiendaire, pour son roman Meursault,contre-enquête, paru chez Actes Sud, en France, et Barzakh, en Algérie. La cérémonie de remise de cette distinction aura lieu le 28 novembre prochain à Dakar (Sénégal), dans le cadre du 16e sommet de la francophonie. Le jury, présidé par l'écrivain, prix Nobel de littérature, Jean-Marie Gustave Le Clézio (Maurice), a souhaité récompenser «un roman qui interroge nos aveuglements historiques toujours actuels et pose la question de la justice et de la prise en compte de l'altérité une fois apaisée la terreur coloniale». Le prix des Cinq continents, créé par la francophonie en 2001, permet de mettre en lumière des talents littéraires reflétant l'expression de la diversité culturelle et éditoriale en langue française sur les cinq continents et de les promouvoir sur la scène littéraire internationale. Le prix des Cinq continents de la francophonie est composé du jury international suivant : Jean-Marie Le Clézio (île Maurice), président - Lise Bissonnette (Canada-Québec), Ananda Devi (Maurice), Hubert Haddad (Tunisie-France), Monique Ilboudo (Burkina Faso), Paula Jacques (France-Egypte), Vénus Khoury-Ghata (Liban), Pascale Kramer (Suisse), René de Obaldia de l'Académie française (Hong Kong), Lyonel Trouillot (Haïti) et Amal Sewtohul, lauréat du prix 2013, qui siège pour cette session. La trame du livre ? Il est le frère de «l'Arabe» tué par un certain Meursault dont le crime est relaté dans un célèbre roman du XXe siècle. Soixante-dix ans après les faits, Haroun, qui, depuis l'enfance a vécu dans l'ombre et le souvenir de l'absent, ne se résigne pas à laisser celui-ci dans l'anonymat : il redonne un nom et une histoire à Moussa, mort par hasard sur une plage trop ensoleillée. Haroun est un vieil homme tourmenté par la frustration.Soir après soir, dans un bar d'Oran, il rumine sa solitude, sa colère contre les hommes qui ont tant besoin d'un dieu, son désarroi face à un pays qui l'a déçu. Etranger parmi les siens, il voudrait mourir enfin… Hommage en forme de contrepoint rendu à L'Etranger, d'Albert Camus, Meursault, contre-enquête joue vertigineusement des doubles et des faux-semblants pour évoquer la question de l'identité. En appliquant cette réflexion à l'Algérie contemporaine, Kamel Daoud, connu pour ses articles polémiques, choisit cette fois la littérature pour traduire la complexité des héritages qui conditionnent le présent. Il faut rappeler que Kamel Daoud est aussi en lice pour d'autres prix littéraires, notamment le Goncourt 2014, le Prix des cinq continents de la francophonie, le prix des Lettres arabes et le Renaudot (première sélection). Né en 1970 à Mostaganem (300 km à l'ouest d'Alger), Kamel Daoud a suivi des études de lettres françaises après un bac en mathématiques. Il est journaliste au Quotidien d'Oran – troisième quotidien national francophone d'Algérie –, où il a longtemps été rédacteur en chef et où il tient depuis douze ans la chronique quotidienne la plus lue d'Algérie. Ses articles sont régulièrement repris par la presse française (Libération, Le Monde, Courrier international...). Il vit à Oran. Il est l'auteur de plusieurs récits, dont certains ont été réunis dans le recueil Le Minotaure 504 (Sabine Wespieser éditeur, 2011) – initialement paru à Alger sous le titre La Préface du nègre (éditions barzakh, 2008) et distingué par le prix Mohammed Dib du meilleur recueil de nouvelles en 2008. Traduit en allemand et en italien, salué par la critique française, Le Minotaure 504 figurait dans la sélection finale du prix Wepler et sur celle du Goncourt de la nouvelle 2011.