Face à l'ampleur de l'épidémie de fièvre hémorragique Ebola qui frappe l'Afrique de l'Ouest et l'épidémie du coronavirus qui a sévi en Arabie Saoudite, l'Algérie est-elle à l'abri de ces deux maladies virales les plus graves suite au retour des pèlerins algériens, dont le premier groupe est arrivé hier ? Lesquels ont été parmi les deux millions de fidèles de 163 nationalités dont ceux venus du Mali, Nigeria où l'Ebola a fait déjà huit morts, la Côte d'Ivoire et le Sénégal où un cas a été récemment détecté. Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a déployé et renforcé le dispositif de lutte contre ces virus, mais est-ce suffisant pour éviter des cas de contamination ? Interrogé à ce propos, le professeur Nafti, chef du service des maladies respiratoires à l'hôpital Mustapha, reste sceptique. Il estime que le risque zéro n'existe pas et que c'est bien beau d'avoir des équipes médicales pointées dans les différents postes frontaliers et dans les aéroports, mais il y a lieu de s'interroger si elles sont aussi aptes à faire face à ce type de virus. «Sur le plan théorique, le dispositif de prévention mis en place reste acceptable, mais est-ce que toutes les recommandations seront réellement mises en application sur le terrain ? J'en doute», a-t-il indiqué avant d'insister sur le caractère dangereux et la menace de ces virus qu'il faut impérativement prendre au sérieux. Outre ce dispositif de prévention, le Pr Nafti estime que les pouvoirs publics doivent mobiliser tous les moyens de surveillance et de contrôle avec un personnel et un effectif formés à ce type de pathologies. «Il ne s'agit pas d'une simple grippe ou d'un petit rhume ou une fièvre. Il faut savoir qu'il peut y avoir des cas d'incubation parmi ces hadjis qui ne présentent aucun signe, tel que la fièvre, un des symptômes recherchés avec une caméra thermique. La fièvre fait aussi partie des symptômes à l'origine d'autres maladies. La prise de température ne suffit pas à éviter ces virus. Cela reste insuffisant à mon avis», a-t-il déclaré. Le Pr Nafti appelle à plus de vigilance, même si des personnes ne présentent aucun signe de ces maladies. «Les personnes indemnes doivent être suivies et contrôlées après être rentrées chez elles. Il faut qu'elles se présentent aux structures de santé les plus proches au moindre symptôme de fébrilité», a-t-il recommandé, sachant que cela ne risque pas d'être strictement appliqué. Mais la menace n'est pas à écarter, surtout lorsqu'il s'agit d'Ebola qui se présente avec des symptômes variés, à savoir les atteintes neurologiques, respiratoires, digestives et autres. «La surveillance de ces hadjis doit se faire durant deux à trois semaines après leur retour, mais avons-nous les capacités d'assurer cette surveillance et le suivi de ces gens ?», s'est-il interrogé avant de conclure : «La sagesse voudrait que l'on évite au maximum les regroupements. Ce qui constitue la meilleure prévention.»