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«Le risque d'une épidémie est redouté» Docteur Fawzi Derrar. Directeur du laboratoire du centre de référence de la grippe à l'IPA et responsable de l'unité des virus respiratoires
Directeur du centre de référence de la grippe à l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA), érigé par l'OMS en laboratoire de référence pour le diagnostic du coronavirus dans la région Afrique, le docteur Fawzi Derrar revient dans cet entretien sur le nouveau coronavirus et les dangers de l'affection. -Le nombre de cas de coronavirus MERS augmente en Arabie Saoudite et se propage à travers le monde. Y a-t-il risque d'une épidémie mondiale ? Bien sûr que le risque existe, puisque quatre continents sont aujourd'hui touchés, à savoir l'Europe, l'Amérique, l'Asie et l'Afrique. Dans de telles conditions, il est clair que la maladie peut se propager et entrer dans une phase épidémique. -Comment se manifeste ce coronavirus MERS chez l'homme ? Les coronavirus constituent une vaste famille de virus pathogènes pour l'homme et l'animal. Chez l'homme, ils peuvent provoquer des maladies de gravité variable, allant du rhume courant au syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), surtout lorsque le terrain s'y prête. Le coronavirus tient son nom de sa forme structurelle vue au microscope électronique, la forme d'une couronne. Il s'agit donc d'un virus qu'on connaît qui provoque des maladies très fréquentes, il affecte les enfants. Nous connaissons ces virus, surtout en 2003, avec le SRAS qui a fait 800 morts, mais il a été tout de suite cerné. Ce coronavirus qu'on a nommé désormais «nouveau coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient MERS» présente des critères différents des autres coronavirus tels que le SRAS. Il provoque une infection des poumons et les personnes touchées souffrent de fièvre, de toux et de difficultés respiratoires. A la différence du SRAS, il génère aussi une défaillance rénale. Il n'existe pour l'heure aucun traitement préventif contre le coronavirus MERS. -Comment peut-on lutter contre ce nouveau coronavirus ? Malheureusement, il n'y a aucun traitement ni vaccin contre ce coronavirus, parce que nous ignorons pour le moment sa source réelle, à savoir son réservoir. Il est vrai qu'on a pu isoler des coronavirus chez des dromadaires, mais sans identifier les interactions de leur transmission à l'homme. La seule chose dont on est sûr, c'est qu'il y a un acteur présent dans le cycle épidémiologique. -Comment explique-t-on cette rapide propagation ? Pour le moment, il est très difficile d'expliquer comment la transmission s'est faite de l'animal à l'homme, mais on a constaté qu'un taux élevé de personnes atteintes est retrouvé chez le personnel de santé. On peut parler d'une transmission des soignants par des malades infectés. Il y a donc des cas groupés qui sont recensés. Par ailleurs, il est démontré que le coronavirus n'est pas facilement contagieux. Les cas retrouvés aux Etats-Unis n'ont pas pour autant contaminé ceux qui étaient dans le même avion qu'eux lors du voyage. -Comment éviter les contaminations ? Avant tout, il faut instaurer des mesures d'hygiène drastiques, notamment le lavage régulier des mains. Il est aussi recommandé d'isoler les personnes infectées et d'assurer une prise en charge en réanimation après avoir effectué des prélèvements pour s'assurer si le cas est positif ou non. Il faut noter que 95% des cas touchés souffrent déjà d'autres maladies. -Comment expliquez-vous l'apparition de ce nouveau coronavirus en Arabie Saoudite ? C'est un point d'interrogation. Mas c'est peut-être lié au dromadaire, une des hypothèses avancées par rapport aux cas rapportés. Il est vrai qu'il joue un rôle, mais on ignore comment.