Peu à peu, la fièvre Ebola qui sème la peur et la désolation depuis quelques semaines dans toutes les régions de l'Afrique de l'Ouest fait frémir des pays jusqu'en Occident. Se référant à un bulletin d'alerte de l'OMS, les autorités algériennes ont pris les devants, malgré le fait qu'aucun cas de virus Ebola n'ait été détecté sur tout le territoire national et que le pays n'ait pas de frontières communes avec des zones touchées par l'épidémie, mettant en place des dispositions sanitaires pour détecter toute personne atteinte et déclencher le plan d'urgence pour parer à la propagation du virus. Et, tout laisse croire qu'on est en passe de monter d'un cran le degré d'alerte. Les mesures de précaution qui ont été jusque-là assez simples, concernant particulièrement la surveillance au niveau des aéroports, des ports et des frontières terrestres, avec des opérations de dépistage et de diagnostic prévues au niveau de quelques localités du sud du pays, ont été renforcées ces derniers jours par une alerte de premier degré. « Les services de sécurité, sûreté nationale et gendarmerie nationale, ont été instruits pour s'impliquer dans le dispositif mis en place, lequel dispositif est élargi ainsi à l'intérieur du pays », a-t-on appris de sources bien informées. Après leur implication dans la gestion de la propagation de la fièvre aphteuse, procédant à la mobilisation systématique de toute circulation des troupeaux bovins et ovins, pour éviter une propagation de la maladie, les services de sécurité sont logiquement appelés à se mettre en garde face au risque « Ebola ». Sur ce plan, ils seront en alerte pour signaler l'apparition des symptômes du virus Ebola (NDLR : fièvre, douleurs musculaires intenses, diarrhées, éruptions cutanées, hémorragies) ou autre mort suspecte. Rappelons que le coronavirus a bien provoqué la mort d'au moins deux personnes atteintes à leur retour des Lieux saints, où elles ont effectué récemment le petit pèlerinage. « Vu le temps d'incubation assez long du virus Ebola, pouvant aller de deux à vingt et un jours après le contact, il est facile pour des étrangers ou des nationaux « porteurs » du virus de traverser la frontière sans problème, et c'est là justement que le risque devrait faire partie des prérogatives des services de sécurité », estiment des cadres de la sûreté nationale. Constatant au fil du développement des événements horribles sur le continent africain, l'épidémie est maintenant prise très au sérieux à des niveaux très hauts de la hiérarchie étatique de plusieurs pays, leur sécurité interne étant sérieusement menacée par cette propagation alarmante du virus Ebola, et qui ont fini d'ailleurs par fermer carrément leurs frontières avec des Etats voisins où le bilan macabre s'alourdit de jour en jour, le cas édifiant du Cameroun qui a fermé hier toutes ses frontières (aériennes, maritimes et terrestres) avec le Nigeria, alors qu'un cordon sanitaire est installé depuis le début du mois d'août aux frontières des pays où le virus Ebola se répand comme une traînée de poudre, en l'occurrence en Guinée, en Sierra Leone et au Libéria. L'Afrique a mal, et tout le monde se tient la tête dans ses mains, priant pour que le virus Ebola, qui a tué en quelques mois (depuis l'apparition du virus en avril 2014) 1229 personnes et 2246 autres recensées « porteurs », n'atteigne pas leurs contrées. Des pays comme les USA, et d'autres européens, ont pris toutes les mesures sanitaires pour éviter la propagation du virus sur leurs terres. L'Arabie Saoudite a interdit le Hadj pour au moins quatre pays touchés par la pandémie, et le report à une date ultérieur du sommet de l'UA, qui devait se tenir au Burkina Faso du 2 au 7 septembre sous le thème de « l'emploi, l'éradication de la pauvreté et le développement inclusif », sont autant de signes révélateurs de la terreur planétaire que fait répandre ce virus « tueur » et contre lequel on n'a pour l'instant aucun traitement. « L'Ebola n'est plus confiné dans quelques villages de l'Afrique de l'Ouest, le virus se propage désormais dans une ville de 1,3 million d'habitants, Monrovia », disait hier la directrice de Médecins sans frontières, non sans tirer la sonnette d'alarme et prévenir qu'il faut « élaborer une nouvelle stratégie » de lutte contre la propagation de la pandémie.