Jean-Pierre Chevènement est à Alger depuis hier. Ami de l'Algérie, comme il aime se présenter, le président de l'Association France-Algérie effectue une visite de quatre jours durant laquelle il aura des entretiens politiques avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, ainsi qu'avec d'autres ministres. C'est la première visite d'une personnalité politique parisienne en Algérie depuis l'enlèvement puis l'assassinat du ressortissant français Hervé Gourdel par une groupe islamiste se réclamant de Daech. D'ailleurs, il est prévu dans son agenda que l'ex-sénateur de Belfort se rende en Kabylie, probablement pour y «prendre la température» et surtout pour constater de près comment est l'ambiance de l'après-assassinat de Gourdel. Il avait déclaré, sur un plateau de télévision française, samedi passé, qu'il est «attaché à préserver les relations entre la France et l'Algérie, notamment au niveau de la société civile». Il faut dire que l'ancien ministre de la Défense sous Mitterrand et qui avait démissionné de son poste en s'opposant à la guerre contre l'Irak en 1991 a bonne presse à Alger, où les milieux politique et associatif «aiment converser avec lui». Ses nombreux passages en Algérie font souvent «sensation». Une bonne réputation qui lui permet de jouer un rôle de facilitateur entre Alger et Paris à chaque fois que les relations entre les deux pays traversent une période de froid. Des observateurs lui prêtent la qualité d'un diplomate «officieux». Ses positions politiques, notamment sur les questions internationales, qui sont souvent à l'opposé de celles défendues par son pays, font de lui un interlocuteur de choix pour des pays comme l'Algérie, où sa dernière visite remonte à juin 2013. Il était à la tête d'une mission d'information et d'enquête du Sénat coprésidée par Gérard Larcher, sur la situation sécuritaire dans le Sahel. Il avait assuré à l'époque : «l'Algérie a ses propres intérêts qui recouvrent largement ce que nous poursuivons. Nous cherchons à stabiliser cette région. C'est un intérêt commun.» Et c'est justement tout le sens que prendra le débat qu'il animera samedi à l'Institut français d'Alger (ex-CCF) sous le thème «Algérie et France, une ambition commune à forger au service de la paix dans le monde». Une nouvelle mission que se donne désormais Jean-Pierre Chevènement, maintenant qu'il est libéré de ses charges politiques en France.