La monstruosité du groupe terroriste Daech, qui se fait appeler abusivement «Etat islamique», continue de susciter des réactions de condamnation et de rejet par des personnalités du monde musulman. Fethullah Gülen, l'un des plus grands penseurs de l'islam contemporain et un des pourfendeurs de l'islam politique, a dénoncé vigoureusement les crimes abjects de Daech et a présenté ses condoléances aux victimes, dont le touriste français Hervé Gourdel, et les journalistes James Foley, Steven Sotloff et David Haines. Dans un communiqué publié par l'association Intercultural Dialogue Platform (IDP) et relayé par le quotidien Le Monde, cet éminent prédicateur ne s'est pas encombré de formules pour dénoncer la «cruauté de l'Etat islamique». Rappelant que l'islam est la religion de la «paix», M. Gülen a dénoncé une conception de la foi qui «nie la dignité de l'être humain». «En tant que musulman pratiquant, profondément influencé par les principes de ma foi, je condamne fortement les atrocités du groupe terroriste de l'EI. Ses actions sont une honte pour la foi qu'il proclame et constituent des crimes contre l'humanité», écrit le penseur, établi aux Etats-Unis. Auteur d'une cinquantaine de livres sur l'islam et la foi en général, Fethullah Gülen souligne dans son texte que la religion musulmane repose sur «la paix, les droits de l'homme, les libertés et l'Etat de droit». Et comme pour couper court aux faux dévots, M. Gülen tranche que «toute interprétation contraire, y compris l'abus de religion visant à alimenter les conflits, est tout simplement erronée et malhonnête». Pour Fethullah Gülen, les actions du mouvement terroriste Daech sont une «honte pour la foi qu'il proclame et constituent des crimes contre l'humanité». L'islam ce n'est pas ça ! L'EI, tout comme Al Qaîda et Boko Haram exploitent, d'après lui, le discours religieux pour «masquer sa cruauté». A ses yeux, ces trois mouvements ont en commun une «mentalité totalitaire qui nie la dignité de l'être humain». Le prédicateur turc estime que toute forme de violence contre des civils innocents ou la persécution de minorités «contredissent les principes du Coran et la tradition de notre Prophète (paix et bénédiction de Dieu soient sur lui)». Et de conclure que les membres de l'EI, soit «ignorent complètement» la foi qu'ils proclament, soit «leurs actions sont destinées à servir des intérêts individuels ou ceux de leurs maîtres politiques». Voilà qui ôte toute couverture religieuse à cette horde de tueurs qui abusent de l'islam pour assouvir leur soif de sang.