Pour la première fois depuis l'indépendance, la ville de Constantine connaîtra la plus importante opération de réhabilitation de nombreuses mosquées et zaouïas. Une opération, qui touchera sur plusieurs étapes, une cinquantaine de constructions patrimoniales dépendant de la direction des affaires religieuses, situées toutes dans la vieille ville, et dont certaines datent de l'époque des Hammadites et des ottomans. Le projet inscrit à la faveur de la manifestation culturelle de 2015 ne cesse d'alimenter la polémique au sujet de la qualification des entreprises appelées à y intervenir, et dont la plupart n'ont aucune expérience dans le domaine. Un fait reconnu par de nombreux spécialistes et intervenants parmi les bureaux d'études chargés des travaux de restauration des sites de la vieille ville de Constantine. «C'est vrai que le nombre d'entreprises qualifiées dans la réhabilitation du patrimoine est très limité, car il faut reconnaître que ce genre de travaux est très nouveau en Algérie, et peu de sociétés ont eu l'occasion d'intervenir dans certains sites pour pouvoir acquérir une certaine expérience», avoue Nabil Gaham, responsable d'un cabinet d'architecture. Pour ce dernier, les bureaux d'études comme les entreprises nationales ayant les compétences et les moyens nécessaires existent bel et bien, mais elles manquent uniquement d'expérience, de savoir-faire et de technicité qu'elles pourront acquérir à l'occasion de cette manifestation. Pour ce faire, le maître d'ouvrage délégué pour cette manifestation qui est l'office de gestion des biens culturels protégés (OGEBC) et pour éviter les erreurs commises à Tlemcen, a décidé d'opter pour l'assistance étrangère dont la mission est d'apporter cette technicité qui manque aux entreprises algériennes. Un choix qui ne semble pas aussi faire l'unanimité et qui a été contesté à diverses occasions par l'ordre des architectes de la région de Constantine, dont les responsables avancent que cette option n'est qu'un prétexte pour marginaliser les compétences locales, et justifier les dépenses des budgets faramineux accordés à cette manifestation. Rien pour les mosquées et les zaouïas, une enveloppe de 500 milliards de centimes a été dégagée, selon le chiffre avancé par Lakhdar Fanit, directeur des affaires religieuses de la wilaya. Ce dernier ne manquera pas de noter que cette opération est vraiment salutaire et inespérée, qu'il faudra saisir pour sauver un patrimoine de la ville, qui se trouve sérieusement menacé.