A la tête du groupe Diamal depuis deux ans, Marc Hirschfeld possède dans son actif plusieurs années dans le domaine de l'automobile, près de 25 années pour être plus précis. Il a débuté en France chez le groupe Fiat Auto et le Groupe PSA Citroën, puis à la distribution en tant que directeur de succursale Citroën en région parisienne durant 8 ans, puis après avoir croisé la route du Groupe CFAO où il a été nommé responsable Afrique pour Citroën, Il quitte ces derniers pour prendre la direction générale de CFAO Automotive à l'île de La Réunion, en 2007 où il dirige cette filiale qui distribue 5 marques automobiles : Toyota, Ford, Volvo, Lexus et Citroën au travers de deux sociétés et 350 personnes. Il nous livre , dans cet entretien, sa vision du marché de l'automobile en Algérie et les perspectives des marques qu'il dirige. -Vous avez déclaré, lors du dernier Salon du véhicule industriel et utilitaire d'Alger, la fin du contrat, dès le 1er janvier 2015, avec le constructeur japonais Isuzu. Peut-on en connaître les raisons ? Le groupe CFAO représente la marque Isuzu dans de nombreux pays. Comme la grande majorité des constructeurs, nous avons des contrats à durée limitée qui sont automatiquement renouvelés. Cette année, le constructeur Isuzu nous a informés qu'il ne comptait pas renouveler son contrat avec Diamal qui s'achève le 31 décembre 2014. Il n'y a pas de raisons évoquées par le constructeur. Ce que nous pouvons dire c'est que les raisons ne sont pas d'ordre commercial dès lors que cette marque est leader de son segment avec des parts de marché qui dépassent les 40%. Pour les constructeurs automobiles, ce sont des parts de marché très importantes. Donc, nous ne sommes pas sur un reproche de performances. -Allez-vous vous retourner vers votre partenaire hollandais, DAF, et le solliciter pour introduire sa gamme de camions de moyen et petit tonnages pour pallier la défection d'Isuzu ? Vous savez, quand ce genre de souci vient à arriver, ce qui est le cas pour Diamal, le plus important est de faire le tour des forces en présence et de savoir sur qui compter pour l'avenir. C'est ce que nous avons fait. Nous avons tenu des réunions avec nos partenaires pour partager la même vision et les perspectives d'avenir sur le marché algérien. C'est le cas pour GM que nous distribuons les marques Chevrolet et Opel, c'est le cas également de DAF qui, avec l'arrêt de Isuzu, nous leur avons demandé de poursuivre le développement de la marque, nous avons tenu des réunions avec nos partenaires chez Carrier et chez Good Year. En ce qui concerne Daf et pour répondre à votre question, nous sommes en train de regarder avec eux les modalités d'élargir la gamme et d'essayer de descendre en termes de segmentation afin d'introduire la gamme de camions de moyen et petit tonnages pour le marché algérien. -Avez-vous l'ambition d'introduire une autre marque de camions ? Ce qui est certain, c'est que le groupe CFAO ne s'interdit jamais de regarder vers le développement à partir du moment que cela est cohérent avec la stratégie du groupe. Cela veut dire que le groupe CFAO s'intéresse toujours à introduire et à travailler avec des marques internationales, leaders dans leur domaine et non pas des «sous- marques». Le second point est que cela soit en totale cohérence avec les autres marques que nous commercialisons ici en Algérie. Nous ne pouvons pas introduire une marque pour concurrencer une autre marque que nous commercialisons déjà. -Il y a des marques, que ce soit pour le camion ou le véhicule léger, qui sont en perte de vitesse. Le groupe CFAO a-t-il entamé des discussions pour en acquérir l'une d'elle ? Je n'ai rien à annoncer du moment que le retrait d'Isuzu est encore assez frais chez nous, ce que je peux vous dire c'est que le groupe CFAO est en contact permanant avec l'ensemble des constructeurs automobiles ou de poids lourds, tout peut venir peut-être à moyen terme ou à long terme mais pas dans l'immédiat. -Qu'en est-il de la marque de poids lourds Dong Feng que vous commercialisez ? Arrive- t-elle à trouver ses pas sur notre marché ? Il est vrai que cette marque de camions est assez chère par rapport aux modèles de camions chinois que nous trouvons sur le marché. Cela est dû aux nombreux composants sur nos camions et qui sont d'origine européenne. C'est difficile de trouver preneur pour nos modèles, du moment que le client de camions chinois préfère acheter le modèle le moins cher ou monter un peu en gamme et aller vers les marques sud-coréennes. Nous sommes en train de réfléchir à une stratégie pour pallier tout cela. -Carrier et Goodyear sont deux marques qui sont leaders dans leur segment. Comment comptez-vous faire pour les développer sur notre marché ? Pour la marque Carrier Transicold, spécialiste de groupes de froid et qui est un des leaders dans sa catégorie, c'est une belle opportunité pour nous. D'ailleurs, nous l'avons présenté d'une manière assez importante lors du dernier SIVI. Nous avons des ambitions de développer cette marque en dehors du réseau Diamal avec de nombreux importateurs de camions, mais aussi des transformateurs locaux. Nous sommes très confiants. En ce qui concerne la marque de pneumatiques Goodyear, elle est très jeune en Algérie. Nous avons introduit des gammes qui équipent les tracteurs, les camions et semi-remorques modernes, et ce, pour des utilisations larges. Nous sommes en train d'organiser ses édifices pour qu'elle soit l'un des leaders des pneumatiques en Algérie. -Vous avez déclaré lors du dernier Salon de l'automobile d'Alger que les ambitions pour la marque allemande Opel sont en hausse. Est-ce que c'est le cas aujourd'hui ? Vous savez, entre l'Algérie et Opel, c'est une vieille histoire. Opel n'a pas la place qu'elle mérite aujourd'hui sur le marché algérien malgré la qualité de ses produits et la diversité de ses offres. La raison principale vient du constructeur lui même qui, jusqu'à présent, n'a pas permis une diversification de la gamme ici en Algérie ni qu'il était agressif en termes de prix. Vous n'êtes pas sans connaître les difficultés financières auxquelles Opel a fait face en Europe. Aujourd'hui, la marque se porte mieux sur le vieux continent. Elle est même le fer de lance du groupe GM en Europe. Le marché algérien étant proche de l'Europe, Opel devra se relancer et vous allez vous attendre à de nombreuses surprises. Cependant, tout ne peut se faire du jour au lendemain sur le marché algérien, mais cela demande du temps. En termes de nouveautés, nous allons commencer avec une offre produits très intéressante. D'ailleurs, nous allons introduire la nouvelle Corsa à la fin du 1er semestre de l'année prochaine et nous avons eu la confirmation du constructeur pour l'introduction de l'Opel Moka et de l'Adam. Aujourd'hui, nus sommes en train de travailler avec le constructeur pour étoffer notre gamme et introduire les utilitaires sur le marché algérien. Sauf que l'une des difficultés à laquelle nous faisons face demeure la qualité du diesel qui évolue pas plus vite que les normes européennes anti pollution. L'Europe s'apprête, dès l'année prochaine, à adopter les normes Euro 6. Cela sera contraignant pour nous et pour les constructeurs qui auront du mal à concevoir un plan de développement pour leurs marchés et un autre pour le marché algérien. Ça sera très difficile pour le client algérien qui pourra ne pas bénéficier de certaines motorisations et de certains modèles si les constructeurs venaient à arrêter la production pour le marché algérien. Certains pays du Maghreb ont entamé des démarches afin de s'adapter aux normes Euro 6 et il faudra, à mon avis, que l'Algérie en fasse de même. -Donc, la marque Opel pourra, dans un proche avenir, constituer un véritable outsider pour les autres marques qu'elles soient allemandes ou françaises ? Il faut rester humble par rapport aux autres marques qui sont leaders sur le marché. Nous sommes aujourd'hui dans une phase d'élargissement de la gamme que nous n'avions pas par le passé. Aujourd'hui, le constructeur est très attentif en termes de prix. Oui, nous sommes sur une démarche avec notre constructeur et nous avons toutes les capacités pour glaner quelques parts de marché en plaçant nos produits. Cela prendra un peu de temps. N'oubliez pas que Opel est au coude à coude avec VW par exemple sur certains marchés et les produits Opel sont très compétitifs. -Et en termes de service après-vente et de disponibilité de la pièce de rechange, que pouvez vous dire à vos clients ? Nous avons aujourd'hui un stock important de pièces de rechange et nos tarifs ont sensiblement baissé par rapport aux années précédentes. D'ailleurs, c'était mon premier axe dès mon arrivée en Algérie. Nous avons développé l'axe de la pièce de rechange et avons constitué un stock important en pièces de rechange à Dar El Beïda. Aujourd'hui, nos délais de livraison et d'acheminement de la pièce ont été réduits. Neuf pièces sur dix peuvent être servies immédiatement. Ce taux était de 35% il y a deux ans. Un travail titanesque a été fait pour améliorer la situation et arriver à cela. On ne peut pas avoir toutes les pièces, tout le temps. Le deuxième axe sur lequel nous avons travaillé est la formation de techniciens sur tout ce qui est diagnostic. Nous avons donc créé une école Diamal et avons recruté des techniciens que nous allons former sur huit mois avec la GNFA. Nos agents se sont engagés à les payer pour un temps précis. Nous voulons arriver à un technicien certifié en diagnostics pour chaque agent Diamal. Le service est vital partout à travers le monde pas uniquement en Algérie.
