La rumeur s'est propagée comme une traînée de poudre, semant un début de panique parmi la population de Ghardaïa qui, après avoir vécu l'année dernière l'angoisse de la malariaqui s'est déclarée dans la ville d'El Atteuf, s'apprêtait à faire face à cette épidémie autrement plus dangereuse. Tout est parti du décès subit de deux ressortissants subsahariens, le premier le 17 octobre d'une insuffisance rénale et le second deux jours plus tard, soit le 19 octobre, lors d'un accident du travail dans l'atelier où il travaillait. Leurs dépouilles ont traîné dans la morgue de l'hôpital Docteur Brahim Tirichine de Sidi Abbaz. L'autre information qui a alimenté la rumeur fut l'inhumation, de nuit, de la dépouille d'un jeune Targui, lundi, au cimetière de Sidi Abbaz. Ce qui a fait dire à certains que «les autorités l'ont enterré de nuit pour qu'on ne sache pas de quoi il est mort». Il n'en fallait pas plus aux spécialistes de la rumeur pour faire courir le bruit que le virus Ebola était arrivé à Ghardaïa et qu'il fallait se préparer au pire. Ce que dément le docteur Djamel Beladjine, directeur de la santé et de la population de la wilaya de Ghardaïa, qui, d'abord, rappelle que «l'Etat algérien a pris toutes les mesures de prévention aux frontières du pays ainsi que dans les ports et aéroports pour détecter et prendre en charge à temps toute éventuelle apparition des symptômes de ce virus», ajoutant, catégorique, qu'«aucun cas d'Ebola n'a été détecté dans notre wilaya. Nos moyens de prévention et de détection sont mobilisés pour y faire face le cas échéant. Je rappelle que le ministre de la Santé en personne a déclaré qu'aucun cas n'a été décelé sur tout le territoire de la République». Wilaya récipiendaire de milliers de Subsahariens qui ont dans leur grande majorité fui la misère et la guerre dans les pays du Sahel, et sur le territoire de laquelle la quasi-totalité d'entre s'y installent, Ghardaïa est ainsi, à tort ou à raison, à chaque fois «incriminée» d'avoir propagée toutes sortes de maladies, notamment tropicales. A titre d'information, la fièvre Ebola, une maladie aiguë et grave, mortelle si elle n'est pas traitée à temps, est apparue pour la première fois en 1976, lors de deux flambées simultanées à Nzara (Soudan) et à Yambuku (République démocratique du Congo). Cette dernière ville étant située près de la rivière Ebola, qui a donné ainsi son nom à la maladie. La durée d'incubation (temps écoulé entre l'infection par le virus Ebola et l'apparition des premiers symptômes) varie de 2 à 21 jours. Tant qu'ils ne présentent pas de symptômes, les sujets humains ne sont pas contagieux. Les premiers symptômes sont une fatigue fébrile à début brutal, des douleurs musculaires, des céphalées et un mal de gorge. Ils sont suivis de vomissements, de diarrhée, d'une éruption cutanée, de symptômes d'insuffisance rénale et hépatique et, dans certains cas, d'hémorragies internes et externes (par exemple, saignement des gencives, sang dans les selles). La maladie à virus Ebola peut être difficile à distinguer d'autres maladies infectieuses comme le paludisme, la fièvre typhoïde et la méningite. Il n'existe à ce jour aucun vaccin homologué contre la fièvre Ebola, mais des laboratoires de renommée mondiale sont en phase d'évaluation de deux tests.