La Confédération africaine de football (CAF) a vigoureusement réagi aux propos du président de l'Union européenne de football association (UEFA), le Français Michel Platini, qui s'est prononcé en faveur du report de la CAN 2015 prévue au Maroc en janvier et février prochains. Elle a qualifié sa prise de position sur cette question «d'ingérence, par un président de Confédération, dans des affaires qui concernent d'abord et avant tout l'Afrique et la CAF». De mémoire d'observateurs du football africain, c'est la première fois que la CAF adopte un ton aussi dur et sec contre une instance du football international. Le communiqué de la CAF, publié sur son site officiel le 21 octobre 2014, n'a pas ménagé le premier dirigeant du football européen, lui conseillant de balayer devant sa porte avant de conseiller à la CAF la tenue à adopter dans une affaire qui la concerne exclusivement. Michel Platini a emboîté le pas aux dirigeants de clubs européens qui se sont rapidement rangés derrière la proposition marocaine qui demande à la CAF le report de l'édition 2015. Les riches et puissants clubs européens voudraient que la CAF annule tout simplement le prochain grand rendez-vous continental pour pouvoir garder leurs joueurs africains à l'orée de la phase retour des compétitions domestiques. La sortie médiatique de Michel Platini intervient dans un contexte particulier, marqué par la volonté du Maroc de ne pas organiser le tournoi 2015 et la quête de la CAF pour trouver, très rapidement, une solution de rechange au désistement marocain que ce pays justifie par le risque que le virus Ebola fait courir à ses citoyens. Les clubs européens se sont engouffrés dans cette brèche pour mener campagne contre la tenue de la CAN 2015 et pouvoir ainsi garder leurs joueurs africains à une période charnière de la saison. Pour la CAF et les Africains, c'est l'ingérence de trop. Dans un passé récent, les dirigeants et clubs européens, employeurs de footballeurs africains, ont exercé des pressions sur la CAF et les footballeurs africains au sujet de la CAN. C'est ainsi que la Confédération a été obligée, sous la pression de clubs européens, de revoir la périodicité du déroulement de la CAN qui se déroule désormais dans les années impaires, depuis 2013. Des observateurs africains qualifient la déclaration de Michel Platini, dimanche, sur le plateau d'une chaîne de télévision européenne, «d'ingérence de trop dans les affaires du football africain». Sur l'argument (virus Ebola) avancé par Michel Platini pour justifier ses propos sur la CAN 2015, la CAF lui a précisé : «L'Organisation mondiale de la santé (OMS) n'a fait aucune suggestion de report de toute compétition sur le continent africain.» Et de rappeler : «Malgré les risques inhérents au conflit armé qui sévit en Ukraine, pays où un avion civil a été abattu faisant plus de 300 morts, l'UEFA n'a pas jugé nécessaire d'exclure de ses compétitions les clubs ukrainiens ou de faire disputer les matchs dans un périmètre de sécurité en dehors de cette nation, au nom du principe de prudence perfidement évoqué dès lors que l'on parle d'Afrique.» La prise de position du président de l'UEFA sur la question de la tenue, ou pas, de la CAN 2015 au Maroc est tout, sauf innocente. Il a fait d'une pierre deux coups. Il a défendu les intérêts des clubs européens en se rangeant résolument derrière eux sur ce sujet et a soldé ses comptes avec la CAF, après que cette dernière ait fait savoir qu'elle soutenait la candidature de Joseph Sepp Blatter pour un nouveau mandat à la tête de la FIFA (élection prévue en mai 2015 à Zurich), document signé par l'ensemble des membres du Comité exécutif de la CAF le 20 septembre dernier, à Addis Abeba (Ethiopie).