«Le Canada ne sera jamais intimidé» par les «organisations terroristes». Telles sont les déclarations faites par Stephen Harper, Premier ministre canadien, au lendemain de l'attaque terroriste qui a coûté la vie à deux soldats. Un vent de panique souffle désormais sur le pays. «Un homme est en garde à vue après des indications concernant une arme laissée dans un bus de la ville», a indiqué la police d'Halifax sur son compte Twitter. Cette arrestation est réalisée en pleine psychose au Canada après le meurtre, en trois jours, de deux militaires par deux tueurs différents qui ont ensuite été abattus par les forces de l'ordre. Pour la première fois de son histoire, le Canada a été la cible des djihadistes islamistes. Mercredi dernier, un à trois assaillants ont fait irruption dans le bâtiment du Parlement d'Ottawa, après avoir détourné une voiture officielle pour s'en approcher et ont ainsi tué un soldat. Pris en chasse par la police, un des tireurs a été abattu. Une heure et demie après la première attaque, la mort de l'assaillant est officiellement confirmée, mais les recherches de ses possibles complices continuent. Selon plusieurs médias américains et canadiens, l'assaillant serait Michael Zehaf-Bibeau, un Canadien de 32 ans considéré par les services de renseignement comme un «voyageur à haut risque». Ce dernier s'était fait récemment retirer son passeport. Michael Zehaf-Bibeau aurait été condamné à deux ans de prison pour vol et possession d'armes en 2003. La police demande aussi à la population d'éviter le centre-ville et de se tenir loin des fenêtres. Présent à l'intérieur et évacué indemne, le Premier ministre, Stephen Harper, a qualifié cette fusillade d'«attaque terroriste». L'alerte a été donnée à 9h52 (heure locale) quand un ou plusieurs tireurs ouvrent le feu sur un militaire de garde. La victime, grièvement blessée, évacuée vers l'hôpital, succombe à ses blessures. Le quartier est rapidement encerclé et investi par des policiers lourdement armés. Responsable de la sécurité du Parlement, la gendarmerie royale reconnaît avoir failli. Lors d'une conférence de presse, Gilles Michaud de la gendarmerie royale, affirme : «Il est trop tôt pour expliquer en détail ce qui s'est passé.» Dans la soirée, c'est via la télévision que le Premier ministre Stephen Harper s'exprime. Face à cette attaque inédite, la défense aérienne américano-canadienne (Norad) a été placée en état d'alerte pour «être à même de répondre rapidement» à tout incident aérien qui pourrait être lié à la fusillade survenue à Ottawa. La surveillance a été accrue dans les bâtiments publics des grandes villes canadiennes. C'est la deuxième fois en trois jours que des soldats sont pris pour cible au Canada. Lundi, un jeune homme de 25 ans, converti à l'islam radical, a lancé son véhicule sur deux militaires près de Montréal, tuant l'un d'eux. Cet attentat, le premier lié à l'extrémisme islamiste au Canada, avait conduit le pays à relever son niveau d'alerte terroriste de «bas» à «moyen» ce mardi. Engagé militairement au sein de la coalition internationale menée par les Etats-Unis qui lutte contre l'organisation Etat islamique (EI) en Irak, c'est le 7 octobre que les députés canadiens ont approuvé cette décision pour une durée de six mois. «Nous avons l'intention d'affaiblir de façon importante les capacités de l'Etat islamique, plus particulièrement sa capacité à avoir des mouvements militaires de grande envergure ou d'avoir des bases en terrains ouverts», a précisé M. Harper. Celui-ci a cependant exclu tout envoi de troupes de combat au sol et reconnu que la coalition ne devait pas trop attendre de cette campagne aérienne. 600 soldats et personnels médicaux devraient être déployés d'ici fin octobre sur une base militaire koweïtienne, d'où Ottawa compte mener ses opérations. Il s'agit de la première intervention militaire pour l'armée canadienne depuis la campagne aérienne en Libye, en 2011. Outre son engagement militaire, le Canada a déjà dépensé 28 millions de dollars canadiens (19,7 millions d'euros) pour l'aide humanitaire aux civils affectés par l'avancée des djihadistes et investi quelque 15 millions de dollars (10,5 millions d'euros) dans du matériel militaire défensif remis à l'armée irakienne et aux combattants kurdes. Hier, les députés canadiens ont rendu hommage au chef de la sécurité du Parlement qui a abattu la veille le tueur d'un soldat, par une ovation longue et nourrie. Rassemblés à la Chambre des communes en présence du Premier ministre et de la totalité du gouvernement, les députés ont ensuite dit une prière avant de chanter l'hymne national et d'observer une minute de silence.