Ces dernières années, les pouvoirs publics s'escriment tant bien que mal à réhabiliter les anciens immeubles haussmanniens de la capitale, principalement le cœur palpitant de la ville, le long des rues Larbi Ben M'hidi, Didouche Mourad, Ahmed Chaïb (ex-Tanger) et autres boulevards Zighout Youcef et Amirouche. Des échafaudages sont installés ici et là pour donner un new look aux façades des immeubles centenaires. Des entreprises s'attellent, elles aussi, à prêter main forte à cette opération de ravalement en recourant au traitement par hydrosablage (décapage par pression de jets) des piliers des arcades de l'ex-boulevard de la République. Bien fasse à la cité d'El Djazaïr qui peine à retrouver sa blancheur immaculée. A l'opposé, d'autres biens immeubles des quartiers moins huppés sont dans un piteux état, notamment les parties communes affectées à l'usage de l'ensemble des copropriétaires. Le «je m'en foutisme» est maître des lieux. Du terrain à usage de parking ou de jardin jusqu'à la terrasse squattée, en passant par la porte d'entrée, le vestibule, la cour et les voies d'accès, la conciergerie – si cette dernière existe encore – et la rampe d'escalier, le constat est on ne peut plus amer. Les ouvrages d'intérêt général à usage commun de nos immeubles, dont certains sont des chefs-d'œuvre architecturaux, ont fini par craquer. La main de l'homme a eu raison de ces bâtiments, surtout depuis le début des années 1980 lorsque l'Etat a décidé de se décharger de la gestion des biens immeubles (v/décret n°83-666 du 12 novembre 1983), avant de fixer les règles relatives à la copropriété et la gestion des immeubles collectifs, dont l'article 14 énonce clairement que «l'administration et la gestion d'un immeuble ou d'un ensemble immobilier en copropriété sont assurées par la collectivité des copropriétaires et/ou occupants». En matière d'harmonie et d'entretien de l'immeuble, l'article 16 précise que «l'assemblée (de l'immeuble) est responsable des dommages causés aux copropriétaires et/ou occupants ou aux tiers par le défaut d'entretien des parties communes». Mais on est loin de la citation de l'écrivain grec Pausanias : «La loi doit avoir autorité sur les hommes, et non les hommes sur la loi». Le geste «destructor» a fini par s'installer dans la durée dans notre cité rurbanisée, rangée par ailleurs dans les villes les plus inhospitalières. On cultive toujours cette paresse, celle d'attendre l'intervention des pouvoirs publics pour nous assister dans la réhabilitation de notre propre bien immeuble. Le sevrage d'assistanat n'est pas encore, sommes-nous tenus de dire, consommé, même si on voit ces derniers temps des copropriétaires d'immeubles faire appel à des entrepreneurs pour rafistoler des balcons après que des pans ont lâché sur la tête des passants.