Fini le temps des emprisonnements de journalistes, des réquisitions, des fermetures et saisies de journaux. Le pouvoir algérien, dont la nature reste fondamentalement brutale, opère, à présent, tout autrement pour tenter de restreindre les rares espaces de liberté de la presse dans notre pays. Le mode opératoire n'est plus le même, pour ne pas heurter l'opinion publique nationale par des procédés dignes de régimes staliniens. A présent, il se veut plus soft, tout en douceur… s'inspirant des pratiques du makhzen et du palais royal marocain. Le procédé consiste à exercer des pressions sur les annonceurs privés, une manière de procéder relevant beaucoup plus de pratiques dignes de milieux mafieux. On est loin de la commercialité, de l'éthique et des bonnes règles de gestion qui régissent un secteur économique aussi important que la presse. Le monopole de la publicité publique, instauré en septembre 1992 par Belaïd Abdeslam, n'étant plus suffisant pour brider le travail journalistique libre et indépendant, on passe à autre chose sans vergogne… C'est le propre d'un pouvoir qui s'affole, qui perd son calme, que quelques journaux perturbent. La liberté de la presse a été acquise dans notre pays grâce à un combat mené, sans peur, contre l'islamisme armé et l'autoritarisme. Ce combat se poursuivra… Il sera mené, si nécessaire, sans concession… Aujourd'hui, nous faisons appel à nos lecteurs, très nombreux aux quatre coins du pays. Un appel à la solidarité et au bon sens. L'augmentation du prix du journal n'a pas été une décision facile à prendre ; elle doit être comprise et soutenue pour permettre à nos journaux de continuer à exister. Les charges des entreprises de presse augmentent sans cesse, au moment où le pouvoir cherche à nous priver de publicité. Nos journaux portent des voix, celles qui ne sont pas autorisées, les voix de la société, du changement… Nos journaux sont des contrepouvoirs indispensables au bon fonctionnement du débat démocratique. L'autoritarisme engendre l'extrémisme. Est-ce cela qui est recherché ? Les pouvoirs publics ne sont pas très inspirés en verrouillant l'espace médiatique. L'opinion publique n'est pas dupe. Les mensonges et les contrevérités ne peuvent constituer un programme de travail et encore moins une stratégie pour le secteur.