Le maintien encore en suspension de L'Expression (la nouvelle de sa reparution n'étant pas encore connue), l'acharnement policier et judiciaire contre les journalistes et les éditeurs et le règlement de la crise en Kabylie par la voie du dialogue ont constitué l'essentiel des thèmes abordés hier par les délégués de la coordination intercommunale de Béjaïa qui ont animé un meeting populaire sur la place Amirouche dans la ville d'Akbou. Les différents intervenants ont violemment fustigé le pouvoir accusé pour la circonstance de vouloir museler la presse, à travers la suspension de pas moins de six titres sous le prétexte fallacieux de commercialité et son acharnement à l'endroit des journalistes et des éditeurs. Les orateurs se sont montrés franchement déterminés à se battre contre ce qu'ils considèrent comme «une menace visant l'un des principaux acquis démocratiques», entendre par-là la liberté d'expression. Tour à tour Bezza Benmansour, Farès Oudjedi, Zahir Benkhellat sont revenus sur les questions de l'heure en promettant de revenir à la lutte sur le terrain si le pouvoir maintient son mutisme par rapport à la satisfaction des préalables posés lors du dernier conclave de l'interwilayas à Raffour. L'arrêt du harcèlement judiciaire mené contre les journalistes et la levée de la suspension de certains titres constituent désormais le septième préalable dont la satisfaction est une condition pour toute prise de langue avec le pouvoir. Bezza Benmansour s'est particulièrement illustré en prenant fait et cause pour les titres suspendus. «Le combat de la presse est le nôtre», dira-t-il, en expliquant que «la presse est un contre-pouvoir nécessaire pour le fonctionnement de toute démocratie digne de ce nom». Il reviendra ensuite longuement sur les incidences retenues en matière de préalables avant tout dialogue. De son côté, Farès Oudjedi lancera: «La presse est le pilier de la démocratie» sous les applaudissements d'une foule nombreuse venue dénoncer «toutes ces pratiques moyenâgeuses», pour reprendre l'expression d'un citoyen visiblement excédé. Zahir Benkhellat aura été le plus virulent dans ses propos à l'endroit de ce qu'il appelle «les tenants de l'obscurantisme et de la répression» qui, soutient-il, «veulent à travers la suspension des journaux et la cabale contre les journalistes bâillonner la libre-expression». Au cours de cette sortie publique, un soutien a été également exprimé aux travailleurs de l'entreprise «Mac Soum» (ex-Sonipec) qui vivent sous la menace de la perte de leurs emplois. Un représentant des travailleurs est d'ailleurs intervenu pour donner davantage d'éclaircissements sur la situation de cette unité de fabrication de chaussures.