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Confectionner un plan quinquennal : La méthode de l'échec et la méthode du succès
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Publié dans El Watan le 03 - 11 - 2014

Comme déjà annoncé par les pouvoirs publics, les concepteurs du prochain plan quinquennal vont proposer aux élus leur première mouture.
On sait une seule chose officiellement : le montant global avoisinera les 262 milliards de dollars. D'après certaines indiscrétions, plus de 50% serviront à financer les restes à réaliser des divers plans passés.
Les Algériens ont intérêt à participer au débat sur le contenu des propositions. Car les décisions seront très lourdes de conséquences pour notre pays. Nous sommes presque dans la même situation que la Malaisie dix ans avant l'arrêt de ses exportations pétrolières. Il fallait édifier une économie diversifiée hors hydrocarbures qui se substituerait au Tout pétrole.
Les experts malaisiens, aidés de politiciens visionnaires (Mahatir), avaient brillamment relevé le défi. Aujourd'hui, pays émergent, la Malaisie connaît une croissance entre 6 et 8% et un taux de chômage de 2,5% et un incroyable développement hi-tech.
Très probablement sur les 20 prochaines années nous serons un pays émergent, normal ou en pleine déchéance ; dépendant des décisions qui vont être prises dans les toutes prochaines semaines. Alors, il m'a paru encore utile de rappeler quelles sont les décisions qui vont induire un échec et celles qui nous propulseraient vers la dynamique de développement. En sorte, nous sommes en train de confectionner le plan de la dernière chance. Il est super important que toute l'intelligence de notre pays soit concertée et utilisée afin de financer les véritables FCS (Facteurs clés de succès). Un échec de plus et nous aurions gâché une chance historique de nous propulser parmi le club restreint des émergents. Et pourtant, nous connaissons comment réussir un plan efficace !
La méthode de L'échec : Compiler les besoins urgents
Si nous voulons rater notre dernière chance, alors confectionnons un plan selon la méthode de la facilité, du court terme et de l'inertie. Elle consiste à identifier une institution d'arbitrage parmi l'exécutif (finances, par exemple), puis demander aux différents secteurs de transmettre leurs besoins en infrastructures. Tel ministère va demander un million de logements, un autre 350 lycées et 500 CEM, un autre une centaine de routes communales, etc.
On calcule le total et si par hasard il se rapprocherait de l'enveloppe choisie (262 milliards de dollars), alors on additionne les différents projets et on a notre fameux plan. Bien sûr, quelques ajustements et arbitrages mineurs seront faits. On peut réduire un peu d'un secteur pour en offrir un peu plus à un autre en fonction des aléas du moment. Si les besoins excèdent fortement les ressources engagées, on demande aux différents secteurs de revoir à la baisse leurs demandes. Le processus continue jusqu'à ce que l'on atteigne l'équilibre.
Dans les faits, on se réfère également aux différents engagements pris par l'Etat au cours de son activité courante pour les intégrer autant que faire se peut dans la panoplie des projets à financer.
Cette méthode a l'avantage de la simplicité. C'est une pratique qu'une administration qui n'est pas dotée de gros moyens technologiques et humains puisse réaliser. Elle essaye de coller aux besoins du court terme : on a besoin de plus d'écoles dans une région, pour décharger les classes on les intègre comme priorité absolue à financer. Elle serait même acceptable si le pays disposait d'une économie pérenne, efficace et diversifiée ; ou si le financement serait répétitif car les ressources proviendraient d'une source sûre : par exemple, les richesses créées par les entreprises grâce à leur dynamisme et efficacité. Alors cette manière de confectionner un plan pourrait être admissible. Dès lors que le pays est assis sur une base productive forte, cette manière de faire est tout à fait justifiable. Mais elle serait dangereuse et même désastreuse pour un pays qui dispose de ressources très limitées dans le temps, qui recèle une économie productive fragile et qui court le risque de ne plus avoir ces ressources dans le futur : exactement, le cas de l'Algérie.
La méthode de la réussite : Financer les facteurs-clés de succès
La seconde méthode est la plus efficace. Mais elle l'est davantage pour les pays qui disposent d'une rente éphémère et aléatoire. C'est celle qui nous convient le plus. Elle est totalement différente de la première. Elle ne néglige pas totalement les besoins urgents, mais les encadre et les limite fortement. Elle leur accorde tout au plus le tiers des ressources à mobiliser. Il faut bien accompagner et satisfaire un minimum de besoins des citoyens, mais pas au prix de sacrifier l'avenir du pays. La méthode consiste à identifier les facteurs-clés de succès en se posant la question suivante : quelles sont les activités à financer qui vont propulser l'Algérie en pays émergent ?
A part le tiers qui serait consacré aux besoins urgents, 2/3 iraient à ces activités qui sont : qualification de toutes les ressources humaines et modernisation managériale aux standards mondiaux ; financement d'une économie productive diversifiée, TIC, systèmes d'information, opérer un développement décentralisé avec superposition de plans et partage de ressources (après qualification des personnes au niveau local et régional), etc. Nous n'avons pas la possibilité de dérouler dans les détails ces opérations. Mais elles sont possibles à réaliser avec efficacité dans le contexte social et culturel actuel (plan de communication, etc.).
L'exemple que je cite toujours est celui de l'Inde, même si les Chinois, les Polonais, etc. ont opéré de la même manière. L'Inde est un pays qui dispose d'infrastructures obsolètes (de loin plus mauvaises que les nôtres). Mais le pays a privilégié de financer «la matière grise», la recherche et développement, l'entrepreneuriat et se positionner comme leader mondial dans certains secteurs : informatique, ingénierie et autres en qualifiant une élite qui domine ces secteurs au sein des marchés mondiaux. Le pays exporte, se développe et émerge. Il a financé les facteurs-clés de succès. S'il avait uniquement investi dans les besoins urgents (routes, logements, etc.), aujourd'hui il serait en situation catastrophique. La famine aurait terrassé des populations entières en Inde. Les planificateurs hindous ont choisi la méthode du succès pas de l'échec. Pourquoi pas nous ? Alors, que vont choisir nos planificateurs, la méthode du succès ou de l'échec ? Nous le saurons très prochainement.


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