Le projet qui demeure réalisable, pourrait satisfaire un demande importante exprimée par les populations de plusieurs wilayas. En porte-voix d'anciens cheminots, d'habitants de Biskra ayant connu l'âge d'or du chemin de fer et de simples citoyens voulant renouer avec ce moyen de transport confortable et sûr, Mohamed Bouabdallah, ancien électromécanicien et conducteur de locomotive ayant embrassé le métier en 1956, mène depuis des mois une campagne pour la mise en service d'un train Touggourt-Alger via Djemmaâ, M'ghayer, Biskra, El Kantara, Ain Touta, Barika, M'Sila et Bordj Bou Arreridj. Par voie postale, il ne cesse d'interpeller les autorités locales, les responsables de la SNTF et même le ministre des Transports pour que «ce rêve» se réalise «pour le bien du pays et de toute la région sud-est.», confie-t-il. A la retraite depuis de longues années, il est néanmoins parfaitement au courant des réalisations du secteur ferroviaire et des capacités de la SNTF à ouvrir une ligne Touggourt-Alger dans les deux sens. «L'Etat a dépensé des milliards pour la réfection et la réhabilitation des voies ferrées comme celle reliant Touggourt à Biskra, les moyens techniques et les ressources humaines existent et personne ne comprend pourquoi un tel projet, aux multiples avantages, ne semble pas susciter l'adhésion et le soutien des responsables du secteur.», dit-il. «La corporation des propriétaires de taxis et d'autocar ferait-elle pression pour que cette ligne ne voie jamais le jour?» s'interroge-t-il. A son sens, cette ligne Touggourt-Biskra devra être rapide et les prix des billets étudiés pour attirer le plus de voyageurs possible et en assurer la rentabilité. Elle sera complémentaire au transport par route et non pas une concurrente. Convaincu de la validité et de la viabilité d'un train entre Touggourt et Alger, il ajoute que cela constituerait un excellent substitut aux déplacements par la route où les accidents font légion et diminuerait la pression exercée sur les gares routières ne suffisant plus pour servir les milliers de voyageurs de et vers la capitale. «Après le départ massif des européens en 1962, les cheminots ont levé l'étendard national et relevé le défi pour que les trains continuent de rouler et de siffler. Nous avons mis nos tripes et tout notre savoir au service des chemins de fer algériens et nous avons bien réussi. Voir des rails rouillés et des wagons abandonnés me révulse. Il n'y a pas de raisons objectives pour que ce mode de transport ayant à Biskra, une histoire, des martyrs et des militants pour la cause nationale soit oublié», souligne cet homme manifestement épris de trains et de voyages ferroviaires. A noter qu'actuellement, un train relie quotidiennement Touggourt à Biskra mais que celui-ci est jugé poussif, cher et inadapté en termes d'horaires. Celui ralliant Constantine ne jouit pas d'une meilleure réputation. Leurs wagons sont désespérément parsemés de quelques rares voyageurs. En réponse à la demande de mise en circulation d'un train entre Touggourt et Alger, la direction de la région ferroviaire de Constantine de la SNTF rappelle que cette doléance a toujours été l'une de ses préoccupations majeures et que des réaménagements des horaires étaient en étude, afin de garantir aux habitants du sud une correspondance avec le train de Batna-Alger et ainsi leur offrir un maximum de confort et de sécurité.