C'est avec en toile de fond une grève à durée indéterminée déclenchée par les quelque 500 travailleurs de Alfatus, filiale du groupe algérien Sider, qu'est intervenu l'accord collectif entre la société indienne Mittal Steel et le syndicat UGTA du complexe sidérurgique d'El Hadjar Annaba. Cet accord ponctue des négociations engagées du 23 au 25 juillet 2006 par les deux partenaires. Il porte sur trois volets dont le premier concerne le relèvement global des salaires de base à hauteur de 18% étalé sur 2 ans. La première tranche de ce relèvement a été fixée à 12%. Le relèvement sera appliqué à compter du 1er août 2006. La deuxième tranche de 6% entrera en vigueur une année après. Selon les termes du communiqué, cette augmentation significative des salaires pourrait être revue à la hausse en janvier 2009. L'accord est soumis à l'obligation d'atteindre l'objectif de 1,3 million de tonnes de production durant l'année 2008. Le deuxième volet traite de la gratification de fin de carrière. Elle a été fixée entre 30 et 40% avec le versement d'une allocation de départ à la retraite équivalente à 11 mois de salaire. Soit 1 mois de plus qu'elle ne l'était les précédentes années. Personnel employé sous le statut de contrat à durée indéterminée (CDI) et polyvalence professionnelle sont les 2 points figurant dans le dernier chapitre de l'accord collectif. Les 2 parties ont convenu de sécuriser les agents en CDD par un renouvellement du contrat d'une année avec insertion éventuelle en fonction de l'organigramme de la société. En matière de polyvalence, un tableau de mécanismes d'indemnisation et de codification des postes de travail sera élaboré avec organisation de cycles de formation. Pour les syndicalistes signataires du document, ce nouvel acquis social des travailleurs est le résultat de la stabilité sociale qu'a connue Mittal Steel depuis sa prise en mains par les Indiens en 2001. Les différences sur les objectifs assignés par le business-plan non atteints ont pu être aplanies avec une mise en parenthèse de quelques inimitiés. L'engagement des représentants des travailleurs à s'atteler à renforcer davantage la stabilité pour atteindre des normes élevées de productivité en quantité et en qualité est à l'origine de la réussite des négociations. C'est de cette réussite que les syndicalistes ont paru tirer fierté et cohésion au moment d'annoncer la nouvelle aux 9600 travailleurs. Il suffisait de voir et d'entendre les déclarations de Aïssa Menadi, le secrétaire général du syndicat de l'entreprise pour en être convaincu. La fierté d'être arrivé à satisfaire la demande de relèvement des salaires le disputait à sa satisfaction d'avoir pris sa revanche sur le groupe Sider. Une revanche qu'il tire des hésitations et tâtonnements durant des mois de ce groupe dans son approche de la proposition des Indiens. Ceux-ci avaient, en effet, soumissionné pour acquérir Alfatus, une des rares entreprises de production encore propriété de Sider. Les déclarations de plusieurs cadres gestionnaires de la Société de gestion des participations Transolb et leur décision d'intégrer Alfatus et Pipe gaz dans une seule entreprise Alfapipe est annonciatrice que le passage de ces 2 filiales entre les mains des Indiens est inéluctable. Il devrait intervenir durant le 1er trimestre 2007. L'accord collectif que les Indiens ont signé sans trop rechigner intervient également comme pour compléter le puzzle de la recomposition du paysage économique du complexe sidérurgique d'El Hadjar.